La remise à niveau de la politique monétaire
Les marchés doivent « digérer » le changement de régime monétaire, singulièrement aux Etats-Unis. Sans doute cette digestion est-elle brutale, mais, au fond, elle est saine.
Elle traduit une double remise à niveau de la part des banquiers centraux. D’abord, ils reconnaissent désormais que l’inflation n’est pas transitoire. Ensuite, ils admettent que la politique d’achat d’actifs a changé d’objectif : cet outil ne permet pas de « reflater » l’économie, mais sert à stabiliser les marchés. Dès lors, la normalisation de la liquidité impose de dégonfler le bilan des banques centrales. La Fed et la Bank of England vont prochainement démarrer le désinvestissement obligataire, la Banque centrale européenne suivra.
Pour autant, l’exercice d’ajustement de la stratégie monétaire n’est pas achevé. Une grande partie des principes les plus récents de la politique monétaire doivent encore être revisités. Par exemple, dans un environnement de forte volatilité de l’inflation, il devient illusoire de penser que les banques centrales peuvent donner une orientation crédible à leur politique monétaire à travers leur « forward guidance ». Ou encore, après des impulsions budgétaires aussi fortes et coordonnées, les banques centrales vont devoir reconnaître que les anticipations d’inflation n’ont sans doute pas le rôle aussi déterminant sur la formation des prix que le suggèrent certains modèles théoriques.
Finalement, le processus de « remise à niveau » de la théorie et de la pratique monétaires n’est pas achevé.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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