La reprise en zone euro ne sera pas «normale»
La zone euro est sortie de récession et s’est engagée sur un chemin de reprise. Les exportations devraient profiter du rebond du commerce international, et la consommation pourrait aussi bénéficier de l’extrême ajustement des immatriculations automobiles.
Cependant, cette dynamique de reprise ne devrait pas se traduire dans les prochains trimestres par une croissance auto-entretenue. En effet, les ressorts de la croissance domestique sont durablement affectés et ne prendront pas le relais comme cela est le cas «classiquement».
D’abord, le climat des affaires reste très déprimé dans le secteur de la construction et devrait le rester jusqu’à 2015 eu égard à la durée des cycles dans ce secteur.
Ensuite, et surtout, dans un contexte d’endettement toujours élevé, l’objectif des entreprises n’est pas la «maximisation des profits» mais la «minimisation de la dette» ; elles ciblent plutôt la compression des coûts et la recherche de la rentabilité par l’optimisation financière ; dans ce type d’environnement, les entreprises sont donc frileuses à investir et à recruter… sauf pour des emplois précaires.
Enfin, le revenu disponible réel des ménages reste trop faible pour qu’ils consomment ou se réendettent, et ce d’autant plus que si la pression fiscale ne devrait plus augmenter, elle ne va pas non plus baisser eu égard au poids de la dette publique.
Le rebond conjoncturel est bien là, mais il va falloir être très très patient avant de parler d’accélération…
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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