Le facteur de risque n’est plus sanitaire mais financier
A court terme, les incertitudes sanitaires alimentent toujours la volatilité conjoncturelle et provoqueront un retour en récession pour les économies européennes au quatrième trimestre 2020 et au premier trimestre 2021.
Cependant, en allongeant l’horizon, le scénario de sortie par le haut est renforcé : certains risques baissiers se sont atténués, voire dissipés (Brexit) ; l’organisation de la vaccination se met en place ; la reprise dans l’industrie mondiale est très forte et devrait se poursuivre, au regard de l’important besoin de rattrapage ; les conditions monétaires n’ont jamais été aussi accommodantes, avec des taux réels historiquement bas ; enfin, l’impulsion budgétaire est loin d’être aboutie, à l’image des chèques qui seront versés aux ménages américains en début d’année.
Cette perspective très positive sur les volumes provoque d’ores et déjà des effets-prix avec une hausse rapide du cours des matières premières (agricoles, industrielles et pétrole) entraînant, par arbitrage, une baisse du dollar (et, en miroir, une hausse de l’euro), et, ce faisant, une tension sur les taux longs américains par la reconstitution de la prime d’inflation.
Au final, le facteur de risque pour la reprise n’est plus d’ordre sanitaire mais financier. Si ces évolutions financières s’amplifient, elles peuvent nuancer la très forte reprise : l’appréciation de l’euro freinera la croissance européenne, et, surtout, l’anticipation d’un resserrement plus rapide des conditions monétaires de la Fed est susceptible de peser sur les primes de risque.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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