«Le put Draghi a repris de la valeur»
La déflation se définit comme la baisse prolongée du niveau général des prix. De ce point de vue, au regard de plusieurs mesures de prix (dans les biens et services, le coût du travail, l’immobilier, etc.) ou d’indicateurs avancés de l’évolution des prix (crédit, retard de production, etc.), il y a bien un «parfum» de déflation en Grèce, au Portugal et en Espagne. En outre, la politique monétaire n’est pas suffisamment appropriée, et l’endettement public et privé reste suffisamment élevé pour entretenir la menace déflationniste. Pourtant, on ne peut pas d’un côté redouter ces baisses de prix, et dans le même temps souhaiter des ajustements de compétitivité.
Finalement, ces baisses de prix sont aussi souhaitables et font partie du processus de rééquilibrage de ces économies. En fait, la déflation devient dangereuse lorsqu’elle se diffuse dans les anticipations d’inflation ou dans les pays qui ne sont pas initialement concernés. C’est pourquoi il convient de surveiller très étroitement les anticipations d’inflation (enquêtes de conjoncture, points morts d’inflation, etc.). Nul doute que si ces anticipations se dégradent, la BCE n’aura plus aucun tabou : elle sortira «l’arme» de la politique monétaire non conventionnelle parce qu’elle agira dans son mandat de stabilité des prix. Depuis novembre 2013, le Put Draghi – à savoir l’assurance implicite accordée par la Banque centrale aux investisseurs – a donc repris de la valeur temps.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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