L’élastique conjoncturel existait avant Trump !
On observe actuellement un alignement assez peu fréquent des planètes : la conjoncture s’améliore simultanément dans tous les pays développés et dans tous les secteurs (industrie, services et construction).
Il serait tentant de vouloir attribuer cette amélioration cyclique à l’issue des élections américaines. Cependant, les ressorts de cette dynamique existaient avant. Pour mémoire, les enquêtes de conjoncture en zone euro n’ont pas «bronché» après le référendum sur le Brexit. Sur les marchés financiers, les taux d’intérêt ont amorcé leur hausse dès l’été, et le prix des matières premières industrielles est «sorti par le haut» dès la mi-octobre.
Les ressorts prennent leur source dans deux facteurs clés, à savoir le pétrole et les aléas politiques. La baisse du prix du pétrole a soutenu la consommation alors que dans le même temps, les incertitudes politiques ont pénalisé la production. De fait s’est progressivement installée une situation assez rare d’un point de vue conjoncturel où la demande est désormais sensiblement en avance par rapport à l’offre : il y a un retard de stockage et d’investissement. Cet élastique était devenu si tendu qu’il ne pouvait plus se tendre davantage.
Le retard d’investissement est loin d’être comblé pour permettre de rehausser les gains de productivité et ce faisant, les potentiels de croissance à long terme. Mais, pour le moment, la demande de biens intermédiaires et de biens d’investissement repart, ce qui devrait entraîner une reprise du commerce mondial que l’on avait pourtant enterré.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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