Les institutions de la zone euro en pleine «crise d’adolescence» !
La BCE est une banque centrale jeune qui a traversé sa crise d’adolescence avec la crise des dettes souveraines. Avec la politique d’assouplissement quantitatif (QE) et avec une communication «à l’anglo-saxonne», la BCE a parfaitement réussi sa mue.
Des études avaient déjà montré que les mots employés par le banquier central américain avaient, au final, plus d’impact sur les marchés que les décisions de la Fed (parce que ces dernières étaient anticipées). Mario Draghi en a parfaitement tiré les leçons. Depuis son célèbre «whatever it takes» de juin 2012, les discours de la BCE jouent un rôle central.
Le 16 juillet, Mario Draghi, en relevant le plafond des liquidités d’urgence accordées aux banques grecques, et ce, avant même que le Bundestag n’approuve formellement le troisième plan d’aide à la Grèce, a démontré que la BCE était proactive.
Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de nos institutions. Le week-end dernier a montré le spectacle déplorable d’un plan de sauvetage bouclé au petit matin dans des conditions stupéfiantes. Il s’en est fallu de peu pour que l’histoire européenne ne bascule. Le débat sur le Grexit offre cependant une occasion rêvée de «grandir» : il y a beaucoup de chemin à parcourir. Sur la gouvernance d’abord (avec, par exemple, une règle de majorité des deux tiers et non plus d’unanimité pour les sommets de la zone euro). Mais aussi sur la politique budgétaire, en instillant une forme de fédéralisme qui permettra de mieux gérer les chocs asymétriques du futur.
Une défragmentation économique et financière de la zone euro est en cours. Mais la zone euro ne sera durablement attractive pour les investisseurs étrangers que s’ils sont convaincus qu’elle est en mesure de faire face à la prochaine crise. Il est urgent de passer à la vitesse supérieure.
Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.
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