L’inflation dans les services, le caillou dans la chaussure de la BCE
Depuis son pic à 10,60 % en octobre 2022, l’inflation totale européenne d’avril s’est stabilisée en estimation préliminaire à 2,40 %, du fait de contributions sectorielles contrastées, négatives sur les biens industriels mais positives sur l’énergie. L’inflation sous-jacente, qui exclut l’alimentation et l’énergie, diminue à 2,70 %, mais reste freinée par une inflation persistante dans les services. Contribuant à hauteur de 60 %, celle-ci, après avoir stagné à 4 % pendant cinq mois d’affilée, demeure élevée à 3,7 %, simplement parce que les salaires conventionnels continuent d’augmenter à un rythme proche de 4,50 %. La BCE espère que les entreprises en absorberont l’essentiel par le biais de leurs marges bénéficiaires, mais cela n’est pas du tout évident. En effet, selon son enquête récente, les entreprises s’attendent à ce que les prix de vente augmentent de 3,25 % au cours des douze prochains mois. Ainsi, l’inflation pourrait s’établir à 3 % plutôt qu’à 2 % à moyen terme. Par conséquent, la marge de manœuvre de la BCE s’avère limitée. Certes, la décrue actuelle de l’inflation lui permettra probablement de réduire ses taux de 4 % à 3,75 % en juin, mais la séquence des baisses futures reste plus que jamais incertaine.
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
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