Non, le bitcoin ne vaut pas de l’or !
La volatilité des cryptomonnaies (CM) est stupéfiante. La capitalisation boursière totale de l’ensemble des CM représentait quelque 1 800 milliards de dollars le 21 janvier 2022, contre 350 milliards en octobre 2020. La hausse et la chute sont spectaculaires : la capitalisation maximale a été atteinte début novembre 2021, à 2 970 milliards, lorsque le bitcoin traitait à 65 000 dollars. La capitalisation des CM s’est donc effondrée de plus de 1 000 milliards, en à peine plus de deux mois.
Pour certains, le bitcoin pouvait concurrencer l’or dans certaines de ses fonctions. A tel point qu’ils se sont mis à rêver à la naissance d’un « or digital », ce qui lui conférait un énorme potentiel de hausse. Avec la diversification des avoirs détenus sous forme d’or, ils estimaient même que son cours pourrait atteindre 100 à 150 000 dollars.
Pour les investisseurs, l’or offre une couverture contre le risque extrême et contre l’inflation. Peu corrélé aux autres classes d’actifs, il reste un instrument de couverture dans certains portefeuilles. L’or possède ces propriétés en raison de son statut symbolique acquis au fil des siècles, lié à sa rareté. L’or a joué un rôle clé dans le système monétaire international au XXe siècle, au point qu’il est toujours détenu dans les coffres des banques centrales.
De leur côté, les CM se sont certes envolées durant la crise économique du Covid, mais elles n’ont pas connu d’épisode de stress financier majeur. Depuis le début de l’année, on observe une corrélation très forte avec les valeurs de la Tech américaine, le bitcoin chutant deux fois plus que le Nasdaq. Il était donc faux (ou à tout le moins très prématuré) de l’assimiler à un or digital.
Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.
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