Le blog de Christophe Morel
Perspectives sur la croissance mondiale : le déni
Lors de la publication de son exercice de prévision du printemps, le FMI a insisté sur la «fragilité grandissante» de la reprise et sur les facteurs baissiers liés entre autres aux risques d’instabilité financière et de stagnation séculaire. Toutefois, si le diagnostic économique du FMI est très prudent dans le discours, il ne l’est absolument pas dans les chiffres : la prévision de croissance mondiale sur la période 2019-2021 est de + 3,8 %, ce qui est à peine plus bas que la croissance de + 4 % observée sur la décennie 1997-2006 pourtant très dynamique grâce à une constellation de facteurs positifs.
Au-delà des mots, le FMI et de nombreux instituts de prévision n’ont pas du tout entériné que la trajectoire structurelle de la croissance mondiale devait être sensiblement révisée à la baisse. Le vieillissement démographique, le poids de l’endettement, les effets d’hystérèse de la crise (singulièrement le retard d’investissement qui n’alimente pas suffisamment la productivité), la montée des inégalités et l’instabilité politique durable doivent conduire à imaginer une croissance potentielle mondiale plutôt à + 3 % qu’autour de + 4 %.
Ce déni collectif sur la croissance mondiale n’incite pas à la réaction. Finalement, c’est bien parce qu’on a mis des chiffres sur les conséquences des changements climatiques que cela a permis la prise de conscience et forcé à un accord global et ambitieux. La vérité par les chiffres peut être plus puissante que la vérité par les mots …
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
Du même auteur
Récession or not récession ?
Les marchés financiers testent à nouveau l’hypothèse d’une récession aux États-Unis. Pour les…