Politique monétaire-fiction

Publié le 18 avril 2014 à 10h50    Mis à jour le 30 avril 2014 à 17h55

Philippe Weber

Le taux de change joue un rôle de plus en plus important ; l’appréciation de l’euro a d’ailleurs retiré de 0,4 à 0,5 point d’inflation depuis deux ans, et une nouvelle appréciation obligerait à réagir ; les événements géopolitiques sont également à prendre en compte. Non seulement la déflation, mais une inflation trop basse trop longtemps sont un danger. En effet, une inflation trop basse risque de faire décrocher les anticipations de prix, mais aussi complique les ajustements de prix relatifs entre pays et, enfin, freine la diminution du poids de la dette en termes réels. Face à ces dangers, la banque centrale doit être prête à utiliser non seulement ses outils classiques encore disponibles, mais encore d’autres instruments, comme de nouveaux prêts à long terme ou un assouplissement quantitatif. Pétition d’un collectif d’économistes hétérodoxes ? Non. Politique monétaire-fiction ? Non plus. Ce sont là les propos récents de M. Draghi, président de la Banque centrale européenne.

Certes, la BCE n’a touché ni à ses taux directeurs ni à son bilan depuis la baisse des taux de novembre dernier. Mais l’inflexion des propos, et apparemment de la doctrine, est notable. Si l’on peut imaginer que la BCE préférerait ne pas avoir à mettre en place des mesures extraordinaires (ce serait de toute façon bon signe), on voit bien qu’elle est désormais prête à mettre en œuvre tout ce qui est à sa disposition pour empêcher la déflation. C’est d’autant plus étonnant qu’on imagine qu’atteindre l’unanimité, ou même la majorité, du conseil des gouverneurs sur ces différents points n’a pas dû être chose aisée…

Philippe Weber

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