Quels rôles jouent les banques centrales ?

Publié le 17 janvier 2014 à 15h27    Mis à jour le 30 avril 2014 à 18h19

Jean-François Boulier

Qu’on le veuille ou non, le rôle économique, financier et politique des banques centrales ne fait que croître. Où est la limite ?  

En pleine crise financière, les banquiers centraux sont intervenus pour éviter le pire en mettant au point de nouvelles tactiques d’intervention, les amenant pour la plupart à agir et peser sur les marchés financiers. Le canal classique de la transformation monétaire au travers du système bancaire n’a toujours pas retrouvé après six ans son efficacité usuelle, comme le montrent les très faibles vélocités de la monnaie dans les pays développés. Les prêteurs en dernier ressort ont dû trouver d’autres canaux de financement de l’économie.  

En achetant directement des titres obligataires, les banques centrales américaines et anglaises ont inauguré une approche non conventionnelle de création temporaire de monnaie, supposée être détruite à l’échéance des titres. Elles gèrent de ce fait l’ensemble de la courbe des taux. Cette nouvelle action publique au service des économies convalescentes a sans doute un impact supplémentaire sur les prix des autres titres, notamment boursiers : en baissant le taux sans risque de référence, elle augmente les primes de risque et rend ainsi plus attractifs les placements dans l’économie réelle.

La banque centrale de Hong Kong avait elle, pendant la crise asiatique, directement acheté des actions avec le succès que l’on sait. Les banques centrales apparaissent de plus en plus comme des investisseurs en dernier ressort, équilibrant les marchés quand leurs turbulences pourraient mettre à mal l’économie réelle. C’est nouveau et très utile. Est-ce là pour durer ?  

Mais leur rôle politique, de plus en plus apparent, semble bien plus discutable. Que la FED ait donné du temps pour que les parlementaires américains puissent trouver un accord impossible est précisément ce que la BCE n’a pas voulu faire pendant la crise des dettes gouvernementales en zone euro. A court terme, cela a été difficile mais c’est sans doute plus sage à long terme.

Jean-François Boulier Président d'honneur ,  Af2i

Jean-François Boulier est président d'honneur de l'Af2i.

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