Stabiliser l’inflation déstabilise la sphère financière
Combattant une inflation au plus haut depuis quarante ans, les banques centrales augmentent leurs taux directeurs avec une célérité seulement atteinte dans les années 1980. Or, le renchérissement et la raréfaction des liquidités ont déclenché un « moment Minsky » avec quatre faillites bancaires, prenant les autorités monétaires par surprise. Leur volonté de faire plier la croissance économique étrangle un système financier aveuglé par le « paradoxe de tranquillité » de l’argent facile. Les banques centrales découvrent que le taux maximal d’équilibre de la sphère financière est bien inférieur à celui qui stabiliserait l’inflation. La Fed essaye de convaincre, tout comme la BCE, que la stabilité financière est déconnectée de la stabilité économique. En fait, il n’en est rien, car les banques fragilisées ou devenues prudentes, commencent à fermer le robinet du crédit, notamment aux Etats-Unis, amplifiant ainsi le risque de récession. Conscients de ce dilemme, les marchés n’accordent à la Fed qu’une dernière hausse de 0,25 % à 5,25 % sur son taux cible et ne permettent à la BCE que deux relèvements de 0,25 % à 3,50 %. Mais, si une nouvelle cascade d’accidents financiers se produit, les Etats seront contraints d’intervenir, les instituts d’émission ne pouvant à la fois monter et baisser leurs taux afin d’assurer une double stabilisation.
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
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