Tempête sur la monnaie unique
Depuis le début de l’année, l’euro a perdu 10 % de sa valeur contre le dollar et revient sur le niveau de 1.02, jamais atteint depuis vingt ans. Evidemment, la guerre en Ukraine et ses conséquences sur l’économie européenne déterminent en grande partie cette tendance. L’envolée des cours du gaz et du pétrole génèrent une inflation de près de 9 % qui touche de plein fouet le pouvoir d’achat des consommateurs. L’insuffisance d’énergie disponible va sans doute conduire à des rationnements à l’approche de l’hiver. Ainsi, l’amplification des besoins d’importations en zone euro creuse sa balance commerciale, à l’image de celle de l’Allemagne, en déficit pour la première fois depuis 1991. Ce contexte récessionniste fait reculer les anticipations de relèvements des taux directeurs de la BCE. La cible pour juin 2023 auparavant estimée à 2 % a été revue à 1 %. Il est manifeste que le « gradualisme » prôné par Mme Lagarde, en total contraste avec la détermination de la FED à contrer l’inflation, mine l’attractivité de l’euro. Cette défiance est exacerbée par la surréaction de la BCE face au risque de fragmentation du marché des emprunts d’Etat. Rien ne semble en mesure de contrer la chute de l’euro et la question n’est plus de savoir si la parité contre dollar va être enfoncée, mais quand.
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
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