Un monde de faibles croissances
On ne peut plus être complaisant. Il faut accepter l’idée que les croissances, partout dans le monde, resteront durablement basses.
La croissance démographique ralentit, et si le temps de travail poursuit sa tendance baissière séculaire, les heures travaillées diminueront, ce qui pèsera sur la production. Outre que les statistiques macroéconomiques conduisent à se poser des questions sur la diffusion de la révolution numérique, la faible reprise de l’investissement permet de conclure, a minima, que les gains de productivité ne sont pas suffisamment entretenus. Enfin, il y a des freins structurels : l’endettement (public et privé) reste suffisamment élevé pour favoriser l’épargne aux dépens de la consommation ; et la forte hausse des inégalités (surtout dans les pays anglo-saxons) diminue la propension globale à consommer. En chiffres, la croissance «potentielle» de l’économie mondiale serait autour de + 3,5 %, elle serait comprise entre + 1,5 % et + 2,0 % aux Etats-Unis, et ne serait pas supérieure à + 1,0 % en zone euro.
Un tel environnement a plusieurs implications. Le cycle économique serait plus avancé que ce que l’on imagine puisque le retard de croissance serait moins important que ce que l’on pense. Avec un endettement élevé et une croissance nominale qui ne se décrète pas, les banques centrales n’auront pas d’autre choix que d’adopter des politiques monétaires durablement accommodantes. Les marchés ayant déjà factorisé des bonnes nouvelles, ils sont donc de plus en plus vulnérables à des déceptions sur les chiffres de croissance.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
Du même auteur
Récession or not récession ?
Les marchés financiers testent à nouveau l’hypothèse d’une récession aux États-Unis. Pour les…