Une fuite dans la plomberie : la liquidité s’écoule trop vite
Contrairement aux piles qui ne s’usent que si l’on s’en sert, la liquidité s’assèche au moment même où l’on souhaite l’utiliser. Cette maxime a été particulièrement vraie pour certains acteurs en mai dernier quand les taux italiens ont connu une brusque remontée.
Il semble que nous entrions dans une période où la capacité à vendre ou à acheter sera de nouveau une problématique majeure. En effet, les années d’augmentation de la masse monétaire et des bilans des principales banques centrales dans le monde touchent à leur fin : la Fed a commencé à réduire son bilan, celui de la BCE se stabilisera à partir de 2019 et celui de la Banque du Japon augmente moins vite. Dans le même temps, les encours obligataires des traders n’ont pas augmenté et restent marqués par la forte réduction consécutive à la crise financière de 2008. Cela ne devrait pas changer étant donné les contraintes réglementaires pesant sur les banques d’investissement. D’un côté, les traders obligataires perdent donc un (énorme) client naturel qu’étaient les banques centrales, de l’autre, leur capacité à conserver des positions reste limitée. Le marché obligataire voit déjà l’écart entre les prix d’achat et de vente des titres augmenter pour les obligations les plus risquées. S’il n’y a pas lieu de tirer la sonnette d’alarme pour l’instant, les gérants obligataires doivent cependant prendre en compte l’augmentation du coût de la liquidité dans leurs positions et dans leurs détentions de cash.
Arnaud-Guilhem Lamy est responsable des stratégies obligataires euro aggregate au sein de BNP Paribas Asset Management.
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