Une inflation non plus conjoncturelle, mais structurelle

Publié le 6 mai 2022 à 18h00

Laurent Denize

Maintenant que l’inflation est devenue un risque macroéconomique avéré, la corrélation entre les rendements boursiers et obligataires pourrait redevenir négative. La hausse de l’inflation risque de pousser les rendements obligataires à la hausse même lorsque les actions baissent.

Nous sommes rentrés dans un cycle haussier sur les matières premières. En effet, les produits de base sont des ressources réelles – nourriture, énergie, métaux –, et un accès insuffisant à ces ressources ne peut être résolu par l’assouplissement quantitatif. Vous pouvez imprimer de la monnaie, mais pas du pétrole ou du blé. Les gouvernements déploient des mesures plus ou moins ciblées pour amortir la hausse pour les produits de base, au prix de balances budgétaires détériorées. Les banques centrales font face à l’objectif dual de juguler l’inflation tout en empêchant la dislocation du marché obligataire.

Cette incertitude accrue sur les politiques monétaires, de plus en plus asynchrones, génère une volatilité supplémentaire sur les taux de change. La nécessité d’accélérer l’indépendance énergétique, sanitaire et alimentaire va pousser les pays à accumuler des réserves, non plus de change mais de produits de base. Le modèle en flux tendu a vécu, les Etats reconstituent les inventaires, générateur d’une inflation non plus conjoncturelle mais structurelle.

L’inflation en soi n’est pas mauvaise pour les sociétés tant que leurs gains de productivité excèdent la hausse du coût unitaire du travail et des intrants. Cependant, une inflation trop forte et trop soudaine s’accompagne le plus souvent d’un ralentissement économique, avec pour corollaire un impact sur les résultats des entreprises et donc de leur performance boursière.

Laurent Denize global CIO ,  ODDO BHF Asset Management

Laurent Denize est global CIO chez ODDO BHF Asset Management.

Du même auteur

Voir plus

Chargement en cours...

Chargement…