Le blog de Arnaud-Guilhem Lamy
Une vraie relance de l’Union bancaire ?
Certains membres du gouvernement allemand ont relancé le projet de finalisation de l’Union bancaire européenne. Le troisième pilier de cette réforme, le fonds de garantie européen des dépôts, n’est toujours pas une réalité, contrairement aux mécanismes de supervision et de résolution uniques. Le volontarisme allemand sur ce sujet est une bonne nouvelle mais la pomme de discorde demeure : les Allemands demandent que les exigences réglementaires pour les détentions d’obligations d’Etat par les banques augmentent, de sorte à casser le lien entre le risque des Etats et le risque bancaire. Mais cette demande fait l’objet de fortes réticences de la part de certains pays méditerranéens. Aujourd’hui, les positions des banques sur les Etats ne sont ni limitées par le ratio des grands risques, ni incluses dans le calcul du ratio de fonds propres, ce qui a permis aux banques italiennes d’augmenter de 80 % entre 2012 et 2015 leur exposition à leur Etat, mettant en place des stratégies rentables de portage. Modifier cet équilibre est périlleux : augmenter les exigences réduirait le profil de risque des banques, mais obligerait les Etats à trouver d’autres prêteurs, particulièrement en situation de stress. Des discussions sont en cours, portant notamment sur une modification de la comptabilisation de ces titres plutôt que sur une exigence directe de fonds propres. Si une solution était trouvée, le marché devrait dans un premier temps applaudir des deux mains. L’euphorie pourrait n’être que de courte durée, en particulier si les nouvelles règles mises en place pénalisent les obligations italiennes. Ce n’est qu’en cas de crise que le bénéfice de l’Union bancaire apparaîtra aux yeux de tous.
Arnaud-Guilhem Lamy est responsable des stratégies obligataires euro aggregate au sein de BNP Paribas Asset Management.
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