Une zone euro en voie de «japonisation» ?
Les rendements obligataires de la zone euro ont poursuivi leur chemin vers des territoires négatifs encore inexplorés et d’aucuns y voient un effet de la «japonisation» de l’Europe. Le Vieux Continent suivrait les traces du Japon des années 1990 avec une croissance et une inflation atones ad vitam aeternam. Cette thèse est soutenue par certains faits. La baisse de la population active en zone euro depuis 2007 et les projections des démographes présentent de troublantes similitudes avec la situation japonaise vingt ans plus tôt. Les politiques fiscales européennes ont été plutôt restrictives ces dix dernières années comme au début des années 1990 au Japon. La dette publique de la zone euro a fortement augmenté durant la dernière décennie (de 60 % du PIB en 2007 à 85 % en 2018) de même que celle du Japon à la fin des années 1990 (de 67 % en 1989 à 138 % en 2000).
Cependant, d’autres arguments nuancent ce constat. Ainsi, la dette publique a récemment baissé dans plusieurs pays de la zone euro. Quant à l’inflation sous-jacente, elle reste aux alentours de 1 % alors qu’elle était négative dans les années 2000 au Japon. La baisse d’un chômage européen malheureusement toujours élevé (7,6 % en avril) pourrait permettre de réduire l’impact de la baisse de la population active. Que l’on adhère à cette thèse ou non, sur les marchés financiers, ce «futur» est en tout cas déjà du passé : les taux des obligations de l’Etat allemand sont plus bas que les taux japonais !
Arnaud-Guilhem Lamy est responsable des stratégies obligataires euro aggregate au sein de BNP Paribas Asset Management.
Du même auteur
Vers un découplage des taux ?
Avec la divergence des profils de croissance des Etats-Unis et de la zone euro, la question d’une…