Y a-t-il un pilote dans l’avion ?
Les interrogations sur la conjoncture chinoise ont évidemment perturbé les marchés financiers. Mais, au-delà, c’est le manque de visibilité sur la Fed qui a pesé sur les actions. En effet, les minutes de la dernière réunion de la Fed ont montré… qu’elle ne savait pas et ce, à quelques semaines d’un possible début du cycle de resserrement. Sachant que les marchés ont toujours besoin de la «jauge» des banques centrales, ce manque de visibilité a clairement nourri leur nature hypocondriaque.
Dès lors, si elle n’amorçait pas en septembre le début de resserrement de sa politique monétaire, on pourrait se demander si la Fed a les moyens de sortir de sa politique ultra-accommodante : la succession de risques constitue toujours un motif pour reporter une décision qui ne ferait pourtant que transformer la politique monétaire excessivement accommodante en une politique monétaire exceptionnellement accommodante ! Ce risque est d’autant plus inquiétant que la situation macroéconomique américaine ne justifie plus «per se» une politique aussi expansionniste. Sous l’hypothèse d’une croissance potentielle de 2 %, le retard de croissance est désormais résorbé et l’écart de production devrait être largement positif à la fin de 2016.
Le report de la hausse ne constituerait pas une bonne nouvelle : elle soulèverait la question cruciale de la capacité des banques centrales à sortir des politiques monétaires non conventionnelles dans un cycle de croissance pourtant déjà avancé…
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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