Après un début d’année 2020 marqué par une surabondance d’offres d’emploi à pourvoir, 2021 démarre sous de bien plus mauvais auspices pour les cadres français. Sous l’effet de la crise, beaucoup d’entreprises ont en effet réduit la voilure, ce qui s’est d’abord traduit par une baisse sensible des recrutements, tous métiers confondus.
Selon l’étude de rémunération des cadres en 2021 que vient de publier le cabinet Robert Walters, le premier confinement avait conduit à une diminution d’au moins 50 % des recrutements de cadres au printemps dernier. « Depuis, le marché a certes repris, mais le bilan de l’année 2020 reste inférieur à 2019, avec une diminution de 17 % des recrutements », précise Coralie Rachet, directrice générale France de Robert Walters. Conséquence directe, les salaires des cadres ont augmenté de 2,3 % « seulement » en 2020 selon une étude récente de Deloitte, contre 2,8 % en 2019, marquant ainsi une rupture après plusieurs années d’accélération de la croissance. Pour 2021, les chasseurs n’anticipent guère de retour à la situation d’avant-Covid…
De nouvelles compétences recherchées
Toutefois, ce tableau d’ensemble masque des disparités entre domaines d’activité, dont certains continuent de bénéficier de perspectives favorablement orientées. C’est le cas, notamment, de nombreux cadres de la finance d’entreprise pour qui la crise a conforté leur rôle stratégique. « Afin de soutenir les entreprises dans leur phase de reprise, les spécialistes de la finance sont plus nécessaires que jamais, confirme Aurélien Boucly, associate business director chez Robert Half. Dans ce contexte, les responsables comptables mais aussi les contrôleurs de gestion en charge de l’analyse et du suivi des coûts ainsi que les experts de la consolidation vont, cette année encore, avoir de belles opportunités à saisir. »
Selon les chasseurs de têtes, les contrôleurs de gestion, les comptables ayant une expérience de trésorier et les credit managers font partie des profils les plus recherchés actuellement au sein des directions financières.
La conjoncture a, il est vrai, accentué la pénurie de profils sur des postes déjà en tension. Elle a également renforcé le besoin des entreprises sur certaines compétences particulières. « Par exemple, le profil d’un comptable avec une vaste expérience en gestion de trésorerie peut aujourd’hui intéresser une entreprise », explique Ludovic Bessière, business director finance et comptabilité chez Hays.
De même, le métier de contrôleur de gestion est plus que jamais privilégié dans certains secteurs d’activité au regard des incertitudes du moment, qui nécessitent d’analyser et de repenser le budget en permanence. « Actuellement, nous avons ainsi de nombreuses demandes en ce sens dans le secteur de l’agroalimentaire, poursuit Ludovic Bessière. Concernant les postes de comptabilité fournisseurs ou analytique, comptabilité générale ou chef comptable, les entreprises recherchent aujourd’hui des profils ayant une expérience en gestion des flux de trésorerie, de gestion des dépenses et de récupération de cash. »
Peu de solutions de remplacement en interne
Pour attirer ces talents, les entreprises n’ont donc pas d’autre choix que de consentir quelques efforts, d’autant que les candidats déjà en poste ont aujourd’hui tendance à être moins enclins à abandonner un CDI du fait du manque de visibilité à moyen terme et que « les entreprises ne disposent pas de potentiels de réserve en interne pour remplacer les départs », précise Aude Boudaud, associate director et responsable des recrutements en finance chez Robert Walters.
Ainsi, les rémunérations qui leur sont proposées sont attendues à la hausse cette année. Selon l’étude de rémunérations 2021 de PageGroup, les métiers dont les salaires vont le plus augmenter en 2021 sont les responsables comptables, les trésoriers et les contrôleurs financiers ou encore les chargés de recouvrement. « Sur les métiers pour lesquels nous sommes actuellement le plus sollicités, nous notons une hausse des salaires pouvant être comprise entre 5 % et 10 %, signale Aurélien Boucly. Les profils experts en restructuration ou en gestion de crise pourront évidemment négocier des packages de rémunération plus attractifs. » Il en va de même pour les managers les plus seniors. « Les directeurs financiers et directeurs de trésorerie, plus que jamais indispensables, devraient ainsi voir leur salaire augmenter de 11 % cette année », indique Aude Boudaud.