Expertise/Risque export

Arbitrage à l’international : Coface joue la carte de la proximité

Publié le 6 avril 2021 à 17h10    Mis à jour le 9 avril 2021 à 10h55

Anne del Pozo

La reprise économique qui s’amorce dans de nombreux pays pourrait être concomitante avec la résurgence du risque de défaillances. Dans ce contexte et pour accompagner au mieux les entreprises dans la gestion de leur poste client, Coface continue de capitaliser sur l’expertise de son réseau d’arbitres à l’international, tout en faisant évoluer ses indicateurs d’analyse du risque.

Après avoir ralenti en 2020, le commerce international est plutôt bien reparti depuis le début de cette année. Il est notamment tiré par la zone Asie-Pacifique et en particulier par la Chine. « Un constat que nous faisons depuis quelques mois avec certains de nos gros assurés, par exemple spécialisés sur le secteur du luxe, et qui exportent vers la Chine », note Frédéric Wissocq, directeur de la souscription – région Europe de l’Ouest. Pour autant, la reprise se fait encore attendre dans d’autres zones géographiques et notamment en Europe. Le redémarrage de l’activité, en France comme à l’international, dépendra notamment, dans les mois qui viennent, des campagnes de vaccination mises en œuvre dans les différents pays.

 

Les défaillances attendues à la hausse

Si elle est de bon augure, la reprise pourrait néanmoins s’accompagner d’une augmentation du volume des défaillances en France comme à l’international. Alors qu’elles ont atteint un plus bas historique en 2020, les défaillances en France pourraient en effet repartir à la hausse dès lors que les dispositifs de soutien mis en place par les gouvernements se réduiront ou toucheront à leur fin, comme par exemple les PGE en Europe. D’autre part, pour se préparer à la reprise, les entreprises commencent déjà à reconstituer leurs stocks. « Elles sont donc confrontées à un contexte de risque de crédit qui devrait s’accentuer prochainement alors même qu’elles doivent assurer leur propre reprise d’activité, poursuit Frédéric Wissocq. Elles nous sollicitent d’ailleurs de plus en plus pour que nous augmentions nos niveaux de garanties, notamment pour leur activité export ».

 

L’approche Coface à l’international

Pour accompagner au mieux ses assurés à l’international, Coface a mis en place depuis de nombreuses années déjà un arbitrage « close to the risk ». « Il s’agit d’un arbitrage réalisé au plus près du risque », précise Frédéric Wissosq. A cet effet, Coface dispose de 340 arbitres au sein de 45 centres d’arbitrage répartis dans différents pays. Ces derniers peuvent gérer un seul pays (comme en France) ou plusieurs (comme celui du Maroc qui gère les pays du Maghreb). Dans ces centres d’arbitrage, l’organisation est toujours la même : l’arbitre local dispose des compétences d’analyste crédit pour décider de la garantie sur le débiteur local, quelle que soit la nationalité de l’assuré. « Nous partons du principe que ce sont les arbitres locaux qui connaissent le mieux le risque, précise Frédéric Wissocq. Si un assuré Coface nous interroge pour avoir une garantie sur un débiteur français, la décision sera alors prise par un arbitre français. Si le débiteur est au Brésil, ce sera alors l’arbitre brésilien qui prendra la décision ». En revanche, il revient à l’arbitre français d’expliquer à son assuré exportateur la décision prise par son homologue étranger. L’arbitre français dispose également de toutes les compétences commerciales ainsi que d’une visibilité sur le contrat et la profitabilité de l’assuré pour éventuellement adapter la décision de l’arbitre local. « Au travers de cette organisation, nous nous attachons à comprendre les décisions de restrictions (ou non) de nos arbitres locaux en échangeant quotidiennement avec eux et en les interrogeant sur le contexte économique du pays où ils se trouvent, poursuit Frédéric Wissocq. Nous échangeons également régulièrement avec nos assurés pour leur expliquer le contexte à l’export et les raisons des restrictions que les arbitres locaux sont parfois amenés à prendre. »

 

Une analyse du risque adaptée au contexte de crise

Face à la résurgence des risques et au contexte très particulier de crise, Coface adapte également ses indicateurs d’analyse de risques. « Nous ne pouvons plus nous baser sur les mêmes fondamentaux d’analyse du risque qu’auparavant, ajoute Frédéric Wissocq. Par exemple, nous devrons porter une attention toute particulière sur les bilans 2020 des entreprises qui risquent d’être très moyens voire mauvais, notamment dans certains secteurs d’activité. Toute la difficulté pour nous consiste aujourd’hui à essayer de pondérer l’analyse de ces bilans et à avoir une vision plus prospective sur les projections de reprise des entreprises. Par exemple, les brasseurs de bières ont globalement vu leur activité chuter l’année dernière, notamment en raison de la fermeture des cafés, hôtels et restaurants. Si nous nous arrêtons à l’analyse de leurs seuls comptes, nous pourrions être tentés de ne pas accompagner leurs fournisseurs assurés Coface dans leurs besoins additionnels. Pourtant, les ventes pourraient exploser dès la réouverture des bars et nous devons donc avoir une vision plus prospective pour les accompagner aujourd’hui dans la reprise à venir de leur activité. » Coface s’attache donc aujourd’hui à s’affranchir autant que possible du compte de résultat pour se concentrer davantage sur la capacité des entreprises à résister aux fluctuations d’activité et à supporter la reprise de leur cycle d’exploitation ainsi que l’augmentation de leur besoin en fonds de roulement inhérente à la reprise. Une analyse du risque qui prend également en considération le secteur d’activité dans lequel l’entreprise évolue ainsi que les pays vers lesquels elle exporte. 

Questions à… Frédéric Bernard, directeur du Gatex

APRÈS UN PASSAGE DE PRÈS DE 10 ANNÉES DANS UN GROUPE INDUSTRIEL (EX-ALCATEL ALSTOM), FRÉDÉRIC BERNARD INTÈGRE COFACE EN 2001 ET ÉVOLUE EN QUALITÉ DE RESPONSABLE COMPTES CLÉS PUIS RESPONSABLE DU RÉSEAU « COURTAGE ET PRESCRIPTEURS ». EN SEPTEMBRE 2013, FRÉDÉRIC BERNARD EST NOMMÉ DIRECTEUR DU GATEX.

Qu’est-ce que le Gatex ? : Le Groupement Assurance Transports des Exportateurs Français (Gatex) est une solution de co-assurance créée en 1986 par Coface pour la partie assurance crédit et AXA XL pour la partie assurance transport. Le Gatex a pour vocation d’accompagner les entreprises françaises face aux risques pouvant peser sur les marchandises transportées. Actif stratégique de l’entreprise, les marchandises peuvent en effet subir des dommages irrémédiables lors de leur transport : détérioration, perte, vol… Cela représente des sommes bien souvent conséquentes alors même que la responsabilité civile (RC) des transporteurs reste limitée et les cas d’exonération nombreux.

Quelles sont les indemnités traditionnellement proposées par la RC des transporteurs ? : A titre d’exemple, pour une expédition à l’international par camion, l’indemnité maximum de la responsabilité civile des transporteurs est de 8,33 DTS par kilo, soit une dizaine d’euros (1 DTS/droit de tirage spécial = environ 1,19 euro) ; pour un transport maritime, la limitation est de 2 DTS par kilo avec un maximum de 666,67 DTS par colis, soit moins de 800,00 euros ; pour un transport aérien, la limitation est de 19 DTS par kilo, soit environ 23 euros. Il est important de préciser que les cas d’exonération de responsabilité au titre de la force majeure sont nombreux : événements climatiques, vol par agression, grèves et lock-out…

Que propose pour sa part le Gatex en termes de garanties ? : L’assurance dommage proposée par le Gatex couvre pour sa part les pertes, casses ou vols de marchandises pendant le transport et ce, à l’import comme à l’export, à hauteur de 100 % voire 110 % de la valeur de la facture. D’autre part, nous assurons toutes les entreprises françaises qu’elles aient ou non une assurance crédit. Notre structure et notre organisation sont d’ailleurs particulièrement adaptées aux besoins des PME et des ETI. Notre équipe « sinistres » est en contact direct avec les clients pour étudier toutes les situations, même les plus complexes. Enfin, notre solution est simple à mettre en œuvre. Un contrat suffit pour l’ensemble des flux de transport de l’entreprise et les indemnisations se font sous 10 jours dès que le dossier est complet.

De quoi dépend le coût de la prime d’assurance du Gatex ? : Nous proposons des assurances pour des prix très compétitifs, notamment grâce aux volumes assurés et à la gestion performante des recours. Nos primes sont calculées en fonction de différents éléments : nature de la marchandise (sensibilité au transport, risque de casse, risque de vol, etc.), du mode de transport, de l’incoterm utilisé, du pays de destination… Nous pouvons ajouter des clauses afin de couvrir les risques de grève, les risques de non-paiement à cause d’une avarie (lorsque les marchandises sont à la charge de l’acheteur, selon l’incoterm utilisé), ou encore apporter une garantie supplémentaire en cas d’obligation d’assurance locale.  

Dans la même rubrique

Obligations corporate : une année faste pour le marché euro, moins pour les émetteurs français

Tous compartiments confondus, les émissions corporate euros ont progressé de 32 % en 2024, à 456...

Marchés actions : un bilan positif malgré un second semestre atone

Après un début d’année encourageant, le marché primaire actions est retombé en France dans l’atonie...

M&A : une reprise poussive après deux années difficiles

L’hémorragie semble enfin stoppée sur un marché du M&A qui souffre depuis plus de trois ans, avec...

Voir plus

Chargement en cours...

Chargement…