Expertise/Risque export

Atradius : « Les opportunités à l’export restent importantes »

Publié le 6 avril 2021 à 17h10    Mis à jour le 9 avril 2021 à 10h54

Anne del Pozo

Après un ralentissement majeur de l’économie mondiale en 2020 causé par la pandémie de Covid-19 et malgré de nouveaux confinements dans certaines régions du monde, un rebond de l’économie mondiale est prévu en 2021. Une reprise qui offre de nombreuses opportunités aux exportateurs français.

La sortie progressive des pays de leur immobilisme devrait permettre une reprise du PIB mondial de 5,0 % en 2021, après une contraction de 3,9 % en 2020. Les perspectives pour le commerce mondial en 2021 sont d’ailleurs bonnes, après une reprise de la croissance des échanges au cours du second semestre de l’année dernière. Ainsi, la croissance du commerce mondial devrait rebondir de 7 à 8 % en 2021, après une contraction d’ampleur similaire en 2020.

 

Une reprise économique à nuancer en fonction des zones géographiques

Après la récession de 2020, les marchés avancés devraient connaître un rebond de leur croissance de 3,9 % en 2021, versus une baisse de 5 % en 2020.Dans la zone euro, les économies continuent d’être soumises à des mesures restrictives relativement strictes. Une reprise partielle de 4,2 % est probable en 2021 et ce n’est qu’en 2022 que l’activité devrait revenir aux niveaux d’avant la pandémie. Les gouvernements nationaux devraient poursuivre les mesures de relance budgétaire pendant une bonne partie de l’année 2021.Du côté des Etats-Unis, le virus fait peser de graves risques sur l’économie américaine en 2021. Cependant, la croissance économique devrait rebondir à mesure que la campagne de vaccination avancera, permettant ainsi de lever progressivement les mesures de confinement, comme cela commence déjà à être le cas. En outre, le nouveau gouvernement réduit l’incertitude politique, et un plan de relance de l’économie, représentant 25 % du PIB, est prévu.Le Japon a pour sa part une longueur d’avance. La pandémie y a été maîtrisée au cours du premier semestre 2020, permettant à l’économie nippone de prendre un bon départ en 2021, même si elle ne se remettra pas complètement de la récession de l’année dernière. Le PIB du pays pourrait également bénéficier des retombées des Jeux olympiques de Tokyo, qui donneront un coup de fouet temporaire au PIB en 2021.Dans les économies de marché émergentes (EME), la crise sanitaire demeure à un stade critique, bien qu’il existe de grandes différences entre les pays et les régions. Par exemple l’Asie est en tête du peloton pour ce qui est du contrôle du nombre d’infections. Les marchés émergents devraient connaître une croissance de 6,3 % en 2021, après une contraction de 1,9 % en 2020.

Les marchés prometteurs pour les exportateurs

Après l’onde de choc provoquée dans l’économie mondiale par la pandémie de Covid-19, de nouveaux espoirs se profilent, à mesure que les économies se rouvrent progressivement. « Après la récession mondiale provoquée par la Covid-19 en 2020, 2021 laisse espérer que l’économie mondiale sortira progressivement de la pandémie, poursuit Christophe Pennellier, directeur des ventes et du développement chez Atradius. Des opportunités commerciales se présentent notamment dans plusieurs marchés émergents. Nos économistes ont ainsi identifié le Chili, le Sénégal, la Malaisie et le Vietnam comme étant des marchés bien positionnés pour se remettre de la crise de la Covid-19 et sont jugés prometteurs selon trois critères : le rythme de la reprise du PIB à la suite de la crise Covid-19, un nombre relativement faible de cas de Covid-19 (pour 100 000 habitants), et des conditions politiques et institutionnelles stables. Leurs économies sont également connues pour leurs conditions commerciales favorables et leurs possibilités de croissance dans plusieurs secteurs. » De manière globale, la zone Asie-Pacifique devrait tirer son épingle du jeu. Avec la croissance des marchés asiatiques, les économistes prédisaient déjà en 2011 que le centre de gravité se situerait quelque part entre l’Inde et la Chine d’ici 2050. Une tendance qui tend à s’accélérer avec la Covid-19 qui a fait basculer le pendule vers l’est plus rapidement, avec, pour le moment, aucun signe de retour vers l’ouest.

Les secteurs d’activité gagnants et perdants

Concernant les opportunités sectorielles, il faut analyser l’impact de la crise sur les filières. Certaines ont en effet été particulièrement touchées par les mesures sanitaires pour endiguer la Covid-19, comme le commerce de détail traditionnel non alimentaire (c’est-à-dire les détaillants sans site de vente en ligne), les voyages, le tourisme et l’hôtellerie. D’autres, en revanche, connaissent une croissance due aux impacts de la Covid-19 et offrent de belles opportunités aux exportateurs. Avec le confinement décidé dans de nombreux pays, les secteurs en lien avec les nouvelles technologies, le travail et/ou le divertissement à distance ont connu une croissance significative de leur activité. C’est notamment le cas des secteurs tels que les paiements en ligne, le cloud computing et les divertissements à domicile. Les achats en ligne aux Etats-Unis devraient représenter 24 % des achats, d’ici 2024. En juillet 2020, ils représentaient déjà 33 % du total des ventes au détail. Les six premiers mois de 2020 ont vu une augmentation des ventes en ligne égale à celle des dix années précédentes. D’autres secteurs ont également enregistré des bénéfices, notamment celui des biens de consommation durables. L’année 2020 a également vu une augmentation des ventes de produits blancs. Cela a été particulièrement vrai pour les articles de grande consommation et les produits liés à la santé et à l’hygiène, tels que les machines à laver.

Malgré ces opportunités qui se dégagent, la prudence reste de mise pour les exportateurs. Le risque de défaillances d’entreprises dans le monde est réel. Avec la suppression progressive des aides et mesures de soutien mis en place par les gouvernements, Atradius estime que le volume des défaillances dans le monde devrait augmenter de 26 % en 2021. 

Questions à… Christophe Pennellier, directeur des ventes et du développement chez Atradius

Comment Atradius accompagne-t-elle les exportateurs français ? : Notre rôle consiste à accompagner les exportateurs pour un développement serein et des risques maîtrisés grâce à la prévention, le recouvrement de créances et l’indemnisation en cas d’impayés. Dans la période actuelle, Atradius s’engage encore plus aux côtés de ses clients exportateurs. Nous les associons à nos décisions sur leurs acheteurs les plus sensibles, afin d’optimiser nos couvertures et d’être au plus près de leurs besoins. Notre analyse se fait ainsi au cas par cas et en concertation, afin de conserver le meilleur accompagnement en fonction de l’évolution de notre environnement. D’autre part, nous participons également au financement du besoin en fonds de roulement des entreprises, en sécurisant les lignes de crédits court terme de leur(s) factor(s). L’enjeu est d’autant plus important pour les entreprises qui exportent dans les pays où les délais de paiement sont longs et nécessitent, pour protéger la trésorerie, de céder ses factures à un factor. Enfin, ils peuvent compter sur nos implantations locales pour recouvrer au plus vite les créances, tout en tenant compte des législations et des délais de paiement de chaque pays vers lesquels ils exportent.

Comment faites-vous évoluer votre appréciation du risque face au contexte actuel ? : Depuis le début de la crise, Atradius a resserré son monitoring mais s’est refusée à se retirer brutalement de certains secteurs et zones géographiques. De nombreux bilans 2020 vont être dégradés notamment sur le plan de l’endettement, mais notre analyse se base sur d’autres éléments d’informations complémentaires et au travers de l’historique des dossiers, la capacité de résilience de l’entreprise. Nous analysons aussi les données relatives au niveau de trésorerie, les carnets de commandes et le comportement de paiement pour remettre la situation de l’entreprise en perspective. Nous identifions ainsi les profils résistants et les entreprises fragiles notamment dans les secteurs les plus impactés, au travers des business models, des rebonds d’activités, de l’utilisation des PGE et du maintien des marges. A cet effet, Atradius capitalise sur son expertise en matière de collecte d’informations et d’analyses de données. Dans chaque pays, nos arbitres vont chercher les informations à la source, directement auprès des acheteurs. En procédant ainsi, nous sommes en mesure de mieux qualifier l’évolution de l’entreprise dans son environnement et d’évaluer la capacité de l’entreprise à respecter ses engagements à court terme. 

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