Faire cohabiter profitabilité et durabilité, tel est devenu le leitmotiv des fonds de capital-investissement, du plus petit au plus gros.
« La demande des clients et la réglementation peuvent, il est vrai, inciter à poursuivre ce double objectif, mais il faut aussi, et surtout, des convictions fortes », insiste Renaud Serre-Lapergue, responsable ESG multi-stratégie chez Swen Capital Partners. Certains protagonistes avancent une autre raison. « Chez nous, la performance ESG a toujours été perçue comme un levier de performance financière, avance Louise Doucet, directrice au sein de l’équipe sustainability
d’Ardian. En aidant les participations du portefeuille dans leur transition ESG, nous accomplissons notre devoir fiduciaire vis-à-vis de nos LP’s. » De fait, la pratique tend à démontrer que le fait d’investir dans des entreprises responsables contribuerait à limiter les déconvenues pour les actionnaires. « Une récente étude de MSCI portant sur un historique de dix-sept années a confirmé que les entreprises les mieux positionnées en matière d’ESG étaient plus résilientes », fait remarquer Marie-Anne Vincent, VP Climate Finance de la fintech Sweep, qui a développé un outil de gestion des émissions carbone.
Un accompagnement opérationnel
Mais pour créer de la valeur durable, encore faut-il, pour les fonds, se résoudre à investir significativement dans la transformation RSE des sociétés qu’ils détiennent. « Pour ce faire, nous avons internalisé beaucoup de ressources », illustre Louise Doucet, dont l’équipe sustainability compte 13 personnes, parmi lesquelles figurent des experts dans les domaines de la réglementation ESG, du climat ou encore de la collecte et du suivi des données, extra-financières notamment. « Ces données sont effectivement déterminantes pour pouvoir mesurer la performance et l’accompagnement, qui doit être matériel pour les participations », martèle Louise Doucet. Renaud Serre-Lapergue abonde : « Il faut pouvoir s’appuyer sur des modèles compatibles avec une transition juste, c’est-à-dire qui profite à tous et qui prend en compte les limites planétaires. »
La lourdeur des reportings
Or l’accès à ces informations clés n’est pas toujours évident. « Les entreprises sont assommées de questionnaires et éprouvent des difficultés à trouver les ressources, ne serait-ce qu’humaines, pour y répondre », observe Marie-Anne Vincent. C’est pourquoi les professionnels misent beaucoup sur la technologie pour lever ces obstacles. « La digitalisation est au cœur de nos réflexions sur l’ESG », signale ainsi Renaud Serre-Lapergue. Bonne nouvelle, plusieurs solutions informatiques disponibles sur le marché participent à cette création de valeur durable, à l’instar de Sweep. « Au-delà des bénéfices propres aux reportings (optimisation du temps de collecte des données, accès à des données transparentes et auditables…), notre outil offre par exemple un suivi détaillé de l’état d’avancement du plan d’actions élaboré à la suite d’un bilan carbone », informe Marie-Anne Vincent.