Difficile de parler biodiversité sans parler des espaces marins. Deuxième espace maritime mondial derrière les Etats-Unis et devant l’Australie, la France a une responsabilité particulière en matière de protection de la biodiversité des écosystèmes marins et ultra-marins. De quelle façon les investisseurs s’emparent-ils du sujet de la protection des océans ?
Si le GIEC est désormais bien connu du grand public, l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques — groupe international d’experts sur la biodiversité, équivalent du GIEC pour le climat) est beaucoup moins bien identifiée. Au regard des mesures prises en faveur du climat, la protection des océans fait aujourd’hui figure de parent pauvre. « Première banque norvégienne, DNB est historiquement engagée dans l’économie océanique. Si nous avons très tôt choisi de mettre en place une stratégie axée sur l’économie bleue, nous constatons que la mer reste souvent délaissée dans le débat climatique. C’est pourtant un élément crucial », constate Marta Oudot, head of French speaking Europe, DNB Asset Management. De plus en plus de voix s’élèvent en faveur d’une meilleure prise en charge de la biodiversité océanique. « La prise de conscience des menaces qui pèsent sur l’océan a apporté des transformations de marché fortes. Il existe aujourd’hui un appel d’air pour les start-up innovantes qui se développent avec une logique économique », constate Olivier Raybaud, directeur de gestion, co-responsable de la stratégie d’investissement dédiée à la régénération de l’océan, Swen Capital Partners.
L’océan, un puits de carbone essentiel
Si à eux seuls, les océans captent 30 % du CO2, différents facteurs de pression pèsent aujourd’hui sur les écosystèmes marins. Le premier est l’exploitation directe, c’est-à-dire la pêche industrielle. Viennent ensuite la pollution, le changement climatique, le changement d’usages et les espèces invasives. « L’océan représente un puits de carbone essentiel. Nous avons créé notre fonds baptisé DNB Future Waves en nous appuyant sur les piliers de l’économie bleue tels que définis par l’OCDE : énergie renouvelable, transport maritime et sécurité alimentaire, poursuit Marta Oudot. Nous avons essayé d’avoir une approche assez large en englobant plusieurs sous-secteurs. Il faut bien avoir à l’esprit que le transport maritime représente 80 % du commerce international. C’est un secteur très important qui a besoin d’être décarboné. Nous nous positionnons sur des entreprises spécialisées mais également sur l’ensemble de la chaîne de valeur, des moteurs aux biocarburants en passant par l’hydrogène vert. »
Des écosystèmes interconnectés
Si DNB Future Waves focalise ses investissements sur les entreprises cotées, Swen intervient plus en amont. Son fonds Blue Ocean a été lancé en 2021 en partenariat avec l’Ifremer, avec l’ambition d’accompagner les entreprises innovantes qui œuvrent en faveur de la protection des écosystèmes marins. Le champ d’intervention est vaste et s’appuie sur les facteurs de pression. A titre d’exemple : la pollution plastique qui, si elle est d’origine terrestre, a un impact sur les océans. Les questions de biodiversité restent interdépendantes et fortement corrélées les unes aux autres. L’économie bleue s’attache également aux initiatives terrestres ayant un impact sur les écosystèmes marins.