Les entreprises doivent aujourd’hui faire face à une situation paradoxale. D’une part, la reprise économique est lancée et leur offre de réelles opportunités commerciales. De l’autre, le risque d’impayés se renforce, laissant planer sur leur trésorerie une importante menace. Comment naviguer dans cet environnement dual ? Audace et vigilance resteront les deux maîtres mots des prochains mois pour les entreprises françaises. Décryptage.
Selon Euler Hermes, après une récession sans précédent en 2020, la croissance économique mondiale atteindra + 5,5 % en 2021 et + 4,2 % en 2022. Une reprise principalement soutenue par les mesures budgétaires déployées par les Etats et par la politique monétaire accommodante appliquée par les autorités financières. L’activité économique repart de l’avant, ce qui est un bon signe pour les entreprises, mais le rebond aurait pu être encore plus prononcé.
« La reprise économique mondiale aurait pu être plus forte. Mais l’incertitude autour du variant delta, les quelques restrictions sanitaires toujours en place, bien que plus souples, et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement continuent de peser sur les perspectives de croissance », explique Ana Boata, directrice de la recherche économique chez Euler Hermes.
Une reprise solide pour les économies avancées
Le rebond de l’activité sera particulièrement fort dans les économies avancées, grâce au soutien budgétaire et à la progression des campagnes de vaccination. Euler Hermes prévoit ainsi, par exemple, une croissance économique de + 6,1 % en 2021 et de + 4,1 % en 2022 pour les Etats-Unis.
Côté français, les perspectives sont aussi positives : Euler Hermes prévoit une croissance économique de + 5,6 % en 2021 et de + 3,4 % en 2022. La demande domestique sera la principale contributrice de la reprise, qui aurait pu enregistrer une dynamique plus soutenue sans les tensions persistantes sur le secteur manufacturier et le marché de l’emploi.
Le commerce mondial, vecteur d’opportunités
Les échanges commerciaux internationaux repartiront également de l’avant l’année prochaine : Euler Hermes estime que le commerce mondial rebondira de + 16,9 % en valeur et de + 8 % en volume en 2021, et de + 8 % en valeur et de + 6 % en volume en 2022. De quoi offrir de belles opportunités aux exportateurs français.
« Selon nos calculs, la demande additionnelle adressée à la France atteindra + 100 milliards d’euros en 2021-2022. Une manne conséquente, qui permettra aux entreprises françaises de compenser, au moins en partie, les pertes subies en 2020 », complète Selin Ozyurt, économiste France chez Euler Hermes.
Gare à la résurgence du risque d’impayés
Malgré ces perspectives porteuses, un voyant commence à clignoter : le nombre de défaillances devrait repartir de l’avant en 2022, après deux années de contraction.
« En 2020, les soutiens publics déployés ont permis d’éviter une défaillance sur deux en Europe de l’Ouest et une défaillance sur trois aux Etats-Unis. L’extension de ces dispositifs a d’ores et déjà permis de garder les défaillances d’entreprises à un bas niveau en 2021, mais la suite dépendra de la façon dont les autorités débrancheront les aides au cours des prochains mois », explique Maxime Lemerle, directeur des recherches sectorielles et défaillances chez Euler Hermes.
Selon Euler Hermes, le retrait des mesures publiques de soutien devrait déclencher une normalisation progressive des défaillances d’entreprises. Le leader mondial de l’assurance-crédit prévoit une hausse des défaillances à l’échelle internationale de + 15 % en 2022, après deux années de recul prononcé.
Le retour à la normale des niveaux de défaillances prendra du temps : en 2022, les défaillances d’entreprises resteront inférieures de – 4 % à leur niveau de 2019. Malgré tout, la tendance est réelle : le nombre de défaillances repart à la hausse, et le risque d’impayés se renforce.
La normalisation des défaillances pourrait prendre plus de temps aux Etats-Unis
Dans les marchés émergents, la normalisation des niveaux de défaillances d’entreprises a déjà débuté, en partie du fait de soutiens étatiques moins généreux et, récemment, du renforcement des restrictions sanitaires. Chez les émergents d’Afrique par exemple, les niveaux de défaillances précrise seront rattrapés dès cette année.
Par ailleurs, la plupart des pays asiatiques enregistreront de fortes hausses de défaillances en 2022 (+ 18 % en moyenne pour la région). L’Inde verra notamment ses défaillances d’entreprises croître de + 69 % l’année prochaine.
L’Europe de l’Ouest, de son côté, enregistrera des tendances hétérogènes : l’Espagne et l’Italie subiront un fort rebond des défaillances en 2022, alors que l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas mettront plus de temps à retrouver des niveaux de défaillances similaires à ceux de 2019. Enfin, aux Etats-Unis, les défaillances d’entreprises resteront à un niveau bas en 2021 et 2022, principalement grâce au soutien public massif déployé et à un rebond économique particulièrement fort.
Un fort rebond des défaillances à prévoir en France
En France, les défaillances d’entreprises ont reculé de – 38 % en 2020. Le recul devrait se poursuivre en 2021 (– 17 %), du fait du soutien massif aux entreprises qui a été déployé dès le début de la crise et prolongé depuis. Euler Hermes estime d’ailleurs que les dispositifs publics français ont permis d’éviter plus d’une défaillance d’entreprise sur deux en 2020. Mais que se passera-t-il quand la perfusion sera débranchée ?
« Nous prévoyons un fort rebond des défaillances en France en 2022, de l’ordre de + 40 %. Ce rebond ne sera pas suffisant pour rattraper les niveaux de 2019. Toutefois, il est annonciateur d’une tendance : une reprise lente, mais progressive et durable, de la recrudescence des défaillances d’entreprises en France, synonyme de résurgence du risque d’impayés », répond Ana Boata.
Questions à ... Laurent Treilhes, directeur commercial et marketing, Euler Hermes France
Malgré la reprise, le risque d’impayés commence à se renforcer. En contact permanent avec les entreprises, Laurent Treilhes, directeur commercial et marketing d’Euler Hermes France, a une vision précise de leurs enjeux face au contexte actuel. Entretien.
Quelles sont les perspectives pour l’économie française en 2021 ?
La reprise se dessine pour l’économie française, et c’est une bonne nouvelle. Nous estimons que le PIB français croîtra de + 5,6 % en 2021, soutenu par la réouverture des secteurs les plus affectés par la crise et la consommation des ménages. De bon augure pour les entreprises, qui vont pouvoir, au moins partiellement, compenser les manques à gagner subis pendant la crise. Toutefois, il faudra se montrer vigilant : malgré la reprise, le risque d’impayés commence à se renforcer.
Comment expliquer cette résurgence du risque d’impayés ?
La baisse des défaillances observée en 2020 et en 2021 ne reflète pas la santé financière réelle des entreprises françaises. Avant la crise, leur rentabilité était déjà sous tension, et leur endettement particulièrement fort ; au sortir de la crise, nous estimons que leur taux de marge est parmi les plus faibles d’Europe et qu’il leur faudra au moins cinq ans pour résorber la dette contractée en 2020. A ces fragilités vient s’ajouter un contexte économique qui pèse sur leurs perspectives de profitabilité : les perturbations des chaînes d’approvisionnement, avec les pénuries d’intrants et la hausse des coûts des matières premières et du fret maritime, auront un impact sur les trésoreries et les comptes de résultat. Enfin, la fin du chômage partiel, la régularisation des reports de charges fiscales et sociales et le début des remboursements des PGE représenteront des contraintes supplémentaires. De quoi envisager un retour progressif aux niveaux de défaillances constatés avant la crise.
Comment se protéger face à cette potentielle résurgence du risque d’impayés ?
Développer son chiffre d’affaires sans s’assurer d’être payé, c’est mettre en péril son activité et sa trésorerie. En ce sens, l’accompagnement par un expert du risque clients, comme un assureur-crédit est décisif. Chez Euler Hermes, nous suivons l’évolution de la situation de plus de 80 millions d’entreprises dans le monde, dont 4 millions en France, afin d’aider nos clients à se concentrer sur les meilleures opportunités commerciales. Si nos assurés subissent un impayé, nous nous chargeons de recouvrer les sommes dues auprès de leur créancier grâce à nos juristes qui maîtrisent l’art de la négociation amiable, et savent enclencher les recours juridiques appropriés. Enfin, si le recouvrement n’aboutit pas, nous indemnisons nos clients. Ce triptyque prévention/recouvrement/indemnisation est le moyen le plus efficace pour protéger sa trésorerie du risque d’impayés, tant sur les relations commerciales domestiques qu’à l’export. Une seule solution permet d’en bénéficier : l’assurance-crédit.