Les assureurs sont confrontés à une accélération de la fréquence des sinistres liés au dérèglement climatique et à une augmentation de leurs coûts. Autre point d’attention de leur part : la prévention, qui passe notamment par une meilleure appréhension des risques et par un important travail de pédagogie pour travailler à des solutions de résilience.
«Les assureurs sont au cœur des sujets environnementaux, rappelle Anne-Sophie Demorgny, responsable de la durabilité au sein de la direction financière du groupe MACSF. Nous sommes concernés par le biais de nos activités d’assurance non-vie et à travers notre rôle d’investisseur, à la fois parce que nous investissons dans des entreprises exposées aux risques climatiques et parce que nous finançons la transition énergétique. Cette position d’impacté/impactant nous oblige à nous engager. »
D’un côté, les assureurs sont donc confrontés à une accélération de la fréquence des sinistres liés au dérèglement climatique et à une augmentation de leurs coûts. Aussi ils ont déjà réalisé d’importants progrès en matière de modélisation des risques climatiques et ont bien intégré la problématique de l’assurabilité des catastrophes naturelles (avec notamment un renforcement du régime public/privé déjà en place). Autre point d’attention de leur part : la prévention, qui passe notamment par une meilleure appréhension des risques et par un important travail de pédagogie pour travailler à des solutions de résilience.
En parallèle, les assureurs sont confrontés à l’impact du risque climatique sur la valeur des entreprises dans lesquelles ils investissent. « On se rend compte que la manière dont les entreprises incorporent le changement climatique a relativement peu d’impact sur leur valeur à court terme, mais c’est un élément important dans le cadre de la gestion des risques, qui peut avoir un impact visible sur une allocation stratégique de long terme à 10, 15 ans ou 20 ans », observe Ghislain Perisse, responsable des solutions assurantielles Monde chez Fidelity International.
Dans ces conditions, comment intégrer la durabilité dans l’actif général ? « Il faut enrichir l’axe des risques, explique Anne-Sophie Demorgny. Pour cela, nous avons mis en place des politiques de vigilance sur chaque classe d’actifs avec deux idées : repérer les acteurs en retard sur les sujets de transition énergétique ou qui n’intègrent pas suffisamment les risques climatiques, auxquels nous nous sous-exposons, et identifier ceux qui participent à cette transition, pour se positionner en tant que soutien de ces entreprises ». Pour Ghislain Perisse, « ce qui serait peut-être à développer, c’est l’intégration au niveau de l’ALM. On ne peut pas réfléchir sans analyser le passif et regarder sa duration, afin d’aligner actif et passif. Toutes les réglementations sur l’actif général, comme la directive CSRD, vont pousser à cette visibilité croisée, sans laquelle on risque de se retrouver dans des contradictions. »