Il y a près de cinq semaines, nous pressentions que notre pays allait être à son tour «concerned» et contraint de confiner ses citoyens, ses usines et ses entreprises pour contrer la propagation du Covid-19. Au 20e jour d’avril, quel est le constat ? La situation de crise est sans précédent. Elle touche toutes les entreprises. Celles qui étaient déjà en difficulté ou en sous-performance. Celles qui se portaient plutôt bien également. A toutes, il incombe désormais de s’adapter et de piloter un écosystème complexe et intimement lié : cycle de production, fournisseurs, supply chain et bien évidemment, clients.
Par Clotilde Delemazure, associée, Grant Thornton
Si l’incertitude sur la sortie de crise demeure, il faut se réjouir du courage immense témoigné chaque jour au sein des entreprises pour maintenir le cap en mobilisant le management et les équipes au service des clients. Autre point très positif, le soutien des pouvoirs publics, des fédérations et syndicats interprofessionnels. Pour les spécialistes des situations de crises et du rebond - dont j’ai l’honneur de faire partie –, la confiance dans le capital humain et dans les parties prenantes du dialogue social de l’entreprise est la condition sine qua non pour apercevoir la sortie de crise et limiter les situations de faillite.
1. Traitement d’urgence pour faire face au confinement : protéger les salaires
La première phase correspond aux mesures d’urgence déployées par le gouvernement. Report de charges sociales et fiscales, gel des échéances bancaires, chômage partiel, accélération des remboursements de crédit d’impôt et prêt garanti par l’Etat (PGE pour lequel le gouvernement a annoncé une enveloppe exceptionnelle de 300 milliards d’euros) sont autant de dispositifs inédits dans leur ampleur pour soutenir les entreprises en difficulté. Toutes ces mesures aident à maintenir et passer le cap si celui-ci n’est pas trop éloigné. Faute de trésorerie suffisante, elles ne sont cependant pas suffisantes pour beaucoup d’entreprises qui ne pourront pas échapper à une procédure collective de sauvegarde, redressement judiciaire, ou liquidation. Ces dernières étant indispensables pour préserver les droits des salariés grâce notamment au fonds de garantie des salaires.