Les sociétés SaaS ont vu leur valeur chuter en Bourse ces derniers mois, avec des évolutions disparates. Un tel contexte renforce la nécessité d’étudier en détail les valorisations de marché, ce que vont notamment devoir faire les fonds d’investissement ayant de telles participations dans le cadre de l’estimation de leur actif net réévalué. Une autre question qui pourrait également se poser a trait à l’impact de la baisse de la valeur des entreprises sur les différentes catégories d’actions qui peuvent composer leur capital.
Le mode SaaS est une solution de distribution de logiciel applicative hébergée et exploitée en dehors de l’entreprise par un tiers et rendue accessible par l’intermédiaire d’internet. Comme l’indique l’AGI, « plus que technologique, le mode licence et le mode SaaS (Software As A Service, logiciel comme un service) sont avant tout des modèles philosophiques et économiques très différents »1.
Une entreprise en mode SaaS tire ses revenus d’abonnements récurrents (pour autant que le taux de rétention, métrique clé, soit élevé). L’acquisition de clients requiert des investissements commerciaux importants (en général plus d’un an de revenu), mais le client dégage ensuite une marge élevée sur de nombreuses années.
Du point de vue de l’évaluation d’entreprise, on comprend aisément pourquoi la comparaison avec des sociétés n’étant pas en mode SaaS, notamment des sociétés qui n’offrent pas d’abonnements mais vendent des logiciels ou du matériel, n’est pas pertinente : en effet, le client d’un logiciel achète sa licence une fois pour toutes, alors qu’un client SaaS en paie une fraction chaque année. Pour une entreprise de logiciels, la profitabilité vient au début, en phase de croissance, car le coût d’acquisition d’un client ne représente qu’une fraction de la licence qu’il paie à la signature du contrat. Une entreprise SaaS commence en revanche à perte, l’abonnement payé par le client étant inférieur à son coût d’acquisition. Mais ensuite, le revenu du client logiciel s’effondre, alors que le client SaaS procure une rente perpétuelle (en cas d’absence d’attrition), grâce à la récurrence du revenu.