Le directeur financier doit lutter contre la fraude. Cet exercice est difficile à plus d’un titre : les pirates informatiques sont de plus en plus professionnels ; les réseaux sociaux offrent aux fraudeurs des informations précieuses pour manipuler des salariés ; et ces derniers peuvent eux-mêmes être tentés de se servir d’une brèche de sécurité pour s’enrichir.
A priori, rien ne distingue ces bureaux de tant d’autres : sur plusieurs étages, des salariés scrutent à longueur de journée des écrans, s’interrompant seulement pour aller déjeuner à la cafétéria de la société, et rêver au futur montant de leur rémunération variable. Ces employés n’ont toutefois rien d’ordinaire : leur spécialité consiste à mener, souvent depuis Israël, des arnaques dites «au président», destinées à détourner l’argent des entreprises ! Pour y parvenir, ces spécialistes de l’escroquerie n’ont pas hésité à s’inspirer des bonnes vieilles méthodes du taylorisme, en répartissant très précisément les tâches : certains collectent en permanence des informations sur les sites des sociétés et les réseaux sociaux, d’autres sont chargés de pirater les comptes mails, d’autres encore s’appuient sur ces informations pour usurper l’identité du président ou du directeur financier d’une société cible afin de manipuler son comptable ou son trésorier par téléphone et le convaincre de procéder à des virements sur des comptes à l’étranger…
Internet offre à ce titre un terrain de jeu idéal aux fraudeurs en tout genre. «Les attaques à main armée des années 1980 disparaissent au profit des cyberattaques», prévient Brigitte Henri, directrice du contrôle des risques opérationnels de la BRED-Banque Populaire et ancien commissaire divisionnaire de police. Le grand banditisme change en effet de méthodes, et utilise les failles informatiques et humaines pour voler banques et entreprises en...