Les banques ne cessent de développer le crédit immobilier, cherchant à compenser la baisse des taux d’intérêt par une stratégie de volume. Mais ces véritables produits d’appel ne sont rentables qu’à la condition de vendre toujours plus de services connexes.
Le marché immobilier français, dont on annonce régulièrement l’essoufflement, ne s’est jamais aussi bien porté, si l’on en juge par le montant des crédits accordés par les banques pour l’achat de logements. En août, le taux de croissance annuel de l’encours de crédit à l’habitat s’est encore accéléré, atteignant 6,7 %, après + 6,1 % en juin et juillet, selon la Banque de France. Hors renégociations, les banques françaises ont produit un montant global de 19,6 milliards d’euros de crédit au mois d’août, un niveau bien supérieur à la moyenne des cinq dernières années, proche de 15 milliards. Et le mois de septembre se situerait sur la même tendance, selon une estimation avancée de la Banque de France.
Alors que les prêts bancaires aux entreprises ralentissent fortement, après le succès des PGE en 2020, les banques se concentrent sur les particuliers, et sur l’immobilier.
Crédit à perte ?
Cette stratégie apparaît paradoxale. Alors que les grands établissements cherchent à rétablir leur rentabilité, bien inférieure à celle des banques anglo-saxonnes, le crédit immobilier semble tout sauf rentable, dans le contexte actuel de taux d’intérêt très faibles. Sous l’effet d’une concurrence très forte, émanant initialement des grandes banques mutualistes (Crédit Agricole, BPCE, Crédit Mutuel), les taux demandés aux emprunteurs français – 1,12 % en moyenne en septembre – sont les plus faibles d’Europe, Danemark excepté. Du coup, les banques ne gagnent pas d’argent en prêtant à un particulier. Certes, elles peuvent mettre en avant des marges brutes au-dessus de zéro. « En dépit de la baisse des taux d’intérêt immobilier, nos marges restent positives » affirme ainsi Christophe...