Souhaitant renforcer son bilan sans pour autant diluer ses actionnaires, Eramet a émis des obligations convertibles perpétuelles. Jusqu’alors utilisé par deux groupes français, ce produit présente l’avantage d’être comptabilisé comme des fonds propres et d’être relativement peu coûteux… dans un premier temps.
Affecté par la baisse récente des prix des matières premières, Eramet a vu en 2015 son Ebitda reculer de 75 % et son ratio dette sur fonds propres plus que doubler, à 49 %. Une situation qui a conduit le spécialiste des métaux d’alliage à renforcer son bilan. Pour ce faire, le groupe détenu majoritairement par la famille Duval (37 %) et l’Etat (25,6 %) a opté pour une solution originale : des obligations à durée indéterminée à option de remboursement en numéraire et/ou en actions nouvelles (Odirnan). Jusqu’alors, seuls Assystem, en juillet 2014, et Neopost, en juin 2015, avaient émis des titres comparables en France.
Un traitement comptable favorable en IFRS
Cependant, ce produit appartenant à la palette des outils de haut de bilan s’est vite démarqué. En effet, l’option d’une augmentation de capital a été abandonnée car la baisse du cours boursier d’Eramet depuis trois ans (– 40 %) aurait rendu une telle opération fortement dilutive. Une autre solution aurait pu consister à émettre des titres hybrides, assimilables en IFRS à des fonds propres. Mais à supposer que la société ait été éligible à ce marché, la rémunération à verser aux investisseurs aurait été élevée.
Dans ce contexte, seuls les Odirnan semblaient donc répondre aux attentes du groupe. «A la différence d’obligations convertibles classiques, qui sont comptabilisées en partie comme de la dette, ces titres le sont intégralement en equity compte tenu de leur durée perpétuelle et de la possibilité pour l’émetteur de différer le paiement des intérêts», indique Bruno Magnouat, responsable mondial de l’origination equity-linked chez Société Générale CIB.