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Euro-dollar - Les importateurs respirent

Publié le 17 février 2023 à 16h07

Arnaud Lefebvre    Temps de lecture 7 minutes

Après avoir touché un plancher historique face au dollar fin septembre, en dessous de la parité, l’euro a enregistré un rebond surprise ces deux derniers mois. Si ce mouvement a pris de court certains exportateurs, les importateurs en ont quant à eux profité pour figer des niveaux de couverture plus attractifs, leur permettant ainsi de restaurer des marges durement affectées par l’inflation.

En ce début d’année, les demandes de souscription d’instruments de couverture ne faiblissent pas au sein des salles de marché des banques et des prestataires spécialisés. Dans le sillage d’une année 2022 très active dans ce domaine, la volonté de se protéger contre une poursuite éventuelle de la hausse des taux d’intérêt et des prix de l’énergie demeure en effet très forte chez un grand nombre d’entreprises. De plus l’activité a été alimentée par un flot de requêtes spécifiques sur le front des changes. En prévision des futures remontées de dividendes depuis les filiales vers la maison mère, un nombre significatif d’opérations de couverture portant sur des devises émergentes (peso mexicain, real brésilien, renminbi…) ou nordiques (couronne norvégienne, notamment) a ainsi été enregistré. En parallèle, quelques sociétés ont sécurisé le risque de change associé à une acquisition qu’elles prévoient de finaliser dans les semaines qui viennent. Mais c’est surtout l’évolution récente de la parité euro-dollar qui a incité beaucoup de trésoriers ou de dirigeants à agir. De fait, celle-ci a pris de court la majorité des professionnels !

PME : gare aux mauvaises surprises des produits de couverture

  • Convaincus que l’euro allait continuer de se déprécier en dessous de 0,98 dollar, des groupes exportateurs avaient préféré temporiser, fin 2022, dans l’espoir de se couvrir à des niveaux encore plus attractifs. Mais avec le rebond surprise de la devise unique, ils se retrouvent aujourd’hui sans protection, à devoir convertir leurs dollars à un cours devenu sensiblement moins favorable. Des exemples de ce type, les spécialistes en couverture en ont plusieurs. « Séduits par le fait que l’évolution des parités de change peut leur permettre d’améliorer leurs marges – alors même que celles-ci souffrent avec l’inflation –, certains dirigeants en viennent à “spéculer”, au point parfois de mettre la survie de leur entreprise en danger », constate Sébastien Oum, chez Ambriva.
  • En matière de spéculation, un nombre significatif de TPE-PME importatrices s’étaient aussi résolues, pour contrer l’affaiblissement de l’euro l’an dernier, à mettre en place des produits de couverture sophistiqués, en l’occurrence des accélérateurs. Ces instruments, qui diffèrent d’un outil à l’autre et dont les caractéristiques fluctuent selon plusieurs scénarios, présentent certes l’avantage d’offrir à leurs utilisateurs, au moment de leur mise en place, un cours à terme bonifié par rapport à un instrument à terme classique. Mais si, dans le cas d’un importateur, l’euro évolue à la baisse pendant la durée de vie du contrat, alors l’entreprise se verra contrainte de convertir ses euros au taux de change spot, devenu défavorable. A cela peut également s’ajouter une double peine. Dans certains cas, l’accumulateur peut intégrer un effet de levier. Ainsi, en fonction de l’évolution de la parité sur une période donnée et des hypothèses retenues dans le contrat, l’entreprise se trouve couverte sur un certain montant, qui peut excéder ses besoins. Puis les montants de chaque période se cumulent jusqu’à l’échéance du contrat. Ce faisant, le montant définitif couvert n’est connu que lorsque celui-ci prend fin. Fondateur du cabinet Kerius, Sébastien Rouzaire confiait récemment qu’une entreprise désireuse de sortir de ce type de positions avait dû payer à ses contreparties une soulte représentant… dix années d’Ebitda cumulé ! « A force d’“accumuler”, la couverture peut aussi se désactiver automatiquement à un certain niveau de parité, laissant ainsi l’entreprise sans couverture », signale Sébastien Oum. Or il est fréquent que des TPE-PME se tournent vers cette famille de produits, sans en mesurer pleinement les risques sous-jacents.

Les contrats à termes « participatifs » toujours en vogue

De nombreux autres l’ont imité. « Les importateurs, en particulier des gros acteurs du textile, ont eu tellement peur en voyant l’euro plonger l’an dernier qu’ils se sont massivement couverts entre la fin d’année et le début de l’année, sur des montants parfois trop importants », confirme Sébastien Oum, fondateur d’Ambriva. Avec, malheureusement, un...

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