Alors que l’envolée des prix a contraint les banques centrales à resserrer plus fortement que prévu leur politique monétaire, les taux d’intérêt ont brutalement remonté, tandis que l’impact de l’inflation sur la situation financière des entreprises suscite des inquiétudes croissantes chez les prêteurs. De quoi entraîner une dégradation des conditions d’emprunt, même si les effets diffèrent à ce stade d’un marché à l’autre.
Le paradigme a changé. Depuis une quarantaine d’années, l’Europe s’était habituée à des variations annuelles de prix très faibles, oscillant entre 0 et 2,5 %. Mais la déstabilisation des chaînes de production et d’approvisionnement d’abord provoquée par la pandémie de Covid-19, puis exacerbée par la guerre russo-ukrainienne, a ramené l’inflation à des niveaux inédits depuis les années 1980. Dans la zone euro, celle-ci a ainsi atteint + 7,4 % sur un an en avril, contre 5 % fin 2021 et… – 0,3 % fin 2020.
Alors que de nombreuses sociétés ont actuellement tendance à accroître leurs stocks dans l’optique d’éviter de payer d’ici quelques mois plus cher leurs achats de matières premières et de composants d’une part, et de se retrouver à court de marchandises d’autre part, ce renchérissement brutal des prix pèse d’ores et déjà sur les trésoreries.
Des marges sous pression
D’après la dernière enquête mensuelle menée par Rexecode et l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE), une majorité de trésoriers fait état d’une détérioration de leur trésorerie d’exploitation, causée non seulement par la hausse des prix des matières premières, mais aussi par l’affaiblissement de l’euro face au dollar – la monnaie unique s’établit à 1,07 dollar, contre près de 1,14 dollar en début d’année – et l’allongement des délais de paiement des clients.
Pour ne rien arranger, les directions financières doivent également composer avec un nouvel environnement de taux. Surprise par l’ampleur du mouvement inflationniste,...