Affectée notamment par une hausse rapide des défauts de ses clients, la société spécialisée dans le financement des TPE Isodev a été placée en liquidation, deux ans et demi seulement après le lancement de son activité. Cet échec pourrait condamner toute nouvelle initiative de ce type à destination de cette catégorie d’entreprises.
Lancée en grande pompe fin 2012, Isodev avait tout pour réussir. Créée notamment par Philippe Dupont, ancien président du groupe Banque Populaire, et soutenue par des investisseurs de renom, comme François Pinault, Vincent Bolloré ou encore Bernard Arnault, cette société innovante entendait profiter de l’accélération du mouvement de désintermédiation bancaire en France en se positionnant sur le segment encore peu exploité des TPE. Afin d’accompagner cette catégorie d’entreprises – dont le chiffre d’affaires est compris entre 250 000 euros et 15 millions d’euros – dans la réalisation de leurs investissements productifs, comme l’achat de machines-outils, Isodev avait choisi d’intervenir aux côtés de banques et de crédits-bailleurs, pour des tickets plafonnés à 300 000 euros. Ses ambitions étaient, à l’époque, élevées : octroyer jusqu’à 12 000 prêts par an à compter de 2015. Mais l’aventure a pris fin prématurément le 12 février dernier, avec le placement en liquidation d’Isodev.
Une hausse rapide des défauts
Cette déconvenue a d’abord été justifiée par le «niveau de défaillance très important parmi les TPE-PME». Pourtant, les statistiques de la Banque de France font état d’une relative stagnation en la matière, avec environ 54 000 défaillances recensées en 2014 parmi cette typologie d’entreprises. En outre, les défauts enregistrés par Isodev se révélaient relativement limités : 96 sur les 1 917 prêts accordés (pour un encours total de 67 millions d’euros), soit 5 % du portefeuille. «Un tel seuil est assez “normal” pour un établissement financier et n’est pas de nature à justifier la liquidation d’Isodev», estime un spécialiste en financement.