La Sfaf vient de publier un communiqué dénonçant la lettre d’intimidation reçue par une analyste de Kepler Cheuvreux, à la suite de ses analyses sur certaines sociétés du secteur de la distribution. Pourquoi avoir choisi de rendre publique cette affaire ?
La tentative d’influence auprès des analystes est une pratique connue. Les analystes sell-side qui travaillent au sein des bureaux indépendants ou d’établissements bancaires sont plus touchés que les analystes buy-side (chez les sociétés de gestion), car les émetteurs ont connaissance des recommandations des premiers, alors que ce n’est pas le cas pour les seconds. Le plus souvent, cela consiste à ne pas inviter des analystes à un road show si ceux-ci ont émis une note négative, ou encore à empêcher certains d’assister à des réunions financières.
Si nous avons réagi cette fois, c’est pour deux raisons. D’une part, la tentative d’intimidation menée auprès de l’analyste de Kepler Cheuvreux, à savoir l’envoi d’une lettre de menaces anonyme à son domicile personnel, est une première. Il s’agit là d’un délit. Dans les autres cas extrêmes d’intimidation, les analystes ne sont la plupart du temps pas au courant de ces menaces et celles-ci ne sont pas aussi violentes. Nous avons par exemple déjà eu le cas de sociétés qui se sont plaintes directement auprès des dirigeants de l’analyste, avec des menaces de rétorsions dans la relation bancaire lorsque les bureaux sont adossés à une banque. Ces types d’intimidation arrivent au maximum une fois par an dans un bureau d’études. A notre connaissance, jamais les analystes et bureaux de recherche ne se sont pliés à ces menaces.
D’autre part, nous constatons depuis quelques années que de plus en plus d’émetteurs choisissent à quels bureaux d’études ils veulent parler.
Qu’entendez-vous par là ?
Au sein de la Sfaf, nous avons recensé une centaine de sociétés qui envoient des communications ou des invitations...