En augmentation constante depuis plusieurs années, les montants levés par les entreprises au travers de financements à dimension ESG ont explosé durant le premier semestre, au point de représenter près d’un quart des émissions obligataires libellées en euros et deux tiers des nouveaux crédits revolving. Sous la pression tant des investisseurs que des législateurs, le mouvement est encore appelé à s’amplifier.
«Le mouvement est impressionnant. » A l’instar de Blaise Bourdy, responsable des émissions de dettes pour les sociétés non financières chez Société Générale CIB pour la France, la Belgique et le Luxembourg, les spécialistes en finance durable restent stupéfaits face à la déferlante ESG qui touche les financements mis en place par les entreprises. La part des émissions obligataires revêtant une dimension environnementale, sociale ou durable s’inscrivait déjà en croissance continue, mais modérée, depuis plusieurs années sur le marché corporate public en euros, où elle était passée d’environ 4 % des volumes globaux en 2017 à près de 10 % en 2020. Mais elle a littéralement explosé au cours du premier semestre. « Tous types d’obligations ESG confondus, les entreprises ont levé près de 50 milliards d’euros depuis janvier sur le marché euro, soit davantage que sur l’ensemble de 2020 (42,5 milliards d’euros) alors même que les volumes globaux s’inscrivent en recul, constate Xavier Beurtheret, responsable DCM Corporate pour l’Europe chez Crédit Agricole CIB. Dans ce contexte, la part des obligations ESG a atteint un niveau record, au-delà de 20 % lors du premier trimestre et à 28 % lors du deuxième. » Une tendance qui n’est pas propre au marché obligataire. « Bien que ces opérations soient plus difficiles à quantifier du fait de leur caractère privé, nous estimons que 64 % des crédits revolving (RCF) souscrits par les entreprises européennes lors du premier trimestre intégraient des critères ESG, contre 32 % fin 2019 », signale Pascale Forde-Maurice, de l’équipe sustainable banking de Crédit Agricole CIB.