Vous venez de publier une étude concernant l’impact de la crise énergétique sur la compétitivité européenne. Alors que la balance commerciale des pays de la zone euro est passée dans le rouge en 2022, avec un déficit de près de 315 milliards d’euros, quels secteurs ont été les plus affectés ?
Julien Marcilly, chef économiste chez Global Sovereign Advisory : Sans surprise, les secteurs d’activité industriels les plus consommateurs d’énergie dans leur processus de production sont ceux dont la rentabilité a été la plus touchée par ce choc des prix de l’énergie. Comme ces derniers ont beaucoup moins augmenté aux Etats-Unis, la compétitivité des entreprises européennes s’est donc détériorée par rapport à leurs homologues américaines. Mais la situation est plus nuancée si l’on prend en compte les variations de taux de change enregistrées l’année dernière. Les entreprises européennes sont certes globalement perdantes dans les secteurs de la métallurgie, de la chimie et du papier. Mais dans d’autres secteurs, leurs homologues américaines souffrent davantage, en particulier celles exportant une partie significative de leur chiffre d’affaires, comme dans l’automobile, le textile, l’industrie pharmaceutique. On voit ainsi que ce choc est très différencié d’un secteur d’activité à l’autre.
Fréquemment évoqué ces derniers mois, le risque de délocalisation des entreprises européennes est-il devenu moins important avec le reflux des prix de l’énergie ?
D’abord, contrairement à ce qui a souvent été avancé, le risque de délocalisation ne pouvait pas concerner tous les secteurs, mais potentiellement ceux qui seraient les plus affectés par le choc...