L’abandon du projet de fusion entre Publicis et Omnicom a mis en lumière les désaccords entre ces deux partenaires redevenus concurrents. L’un d’entre eux révèle le rôle stratégique du directeur financier dans ce type d’opérations.
C’est un argument original qui a été avancé parmi les raisons de l’échec du projet de rapprochement entre Publicis et Omnicom, annoncé le 9 mai dernier. «Dans la constitution de l’équipe de la holding, nous nous sommes heurtés à une difficulté, d’autant plus importante que John Wren serait resté P-DG après trente mois : qui serait le directeur financier ? Nous ne nous sommes pas entendus là-dessus», a ainsi expliqué Maurice Lévy, le président du directoire du groupe publicitaire français, dans une interview au «Monde».
Depuis le début des négociations il y a près de dix mois, les deux groupes n’ont en effet jamais pu parvenir à s’accorder sur le nom du responsable des fonctions finances de la future entité. Certes, cet élément n’est pas le seul à avoir pesé sur la décision des deux groupes. Il n’empêche : «Lors d’un rachat, on observe que c’est le plus souvent le directeur financier de l’acheteur qui reste en place, pointe Hassan Alami, associé chez EY, en charge du département operational transaction services. Mais dans un contexte de fusions entre égaux, chacun veut placer ses hommes aux postes clés.»De mémoire de banquier, c’est cependant la première fois que le rôle du directeur financier est ainsi mis en avant. «Il peut arriver que les difficultés à s’accorder sur le nom des quelques postes clefs de l’entreprise fusionnée fassent avorter des discussions de rapprochement non encore publiques», confie Alban de la Sablière, managing director, responsable des fusions-acquisitions chez Morgan Stanley à Paris.