Le Parquet national financier (PNF) est au cœur d’un tourbillon médiatique depuis quelques semaines. Pour les avocats qui ont l’habitude de travailler avec ces magistrats, dans les affaires non médiatisées, les rapports professionnels sont techniques et sereins.
Créé en 2014 en réaction à l’affaire Cahuzac, le Parquet national financier (PNF) traverse en ce moment une tempête médiatique particulièrement violente. Motif ? D’abord les déclarations de l’ancienne chef du PNF, Eliane Houlette, selon lesquelles elle aurait subi des pressions dans l’affaire Fillon.
Ensuite, les révélations selon lesquelles le PNF se serait fait communiquer les fadettes (factures téléphoniques détaillées) de plusieurs dizaines de ténors du barreau dans le dossier des écoutes de Nicolas Sarkozy. «Les événements récents montrent qu’il ne faut jamais produire des lois de circonstances», analyse l’un des avocats qui a fait l’objet d’une demande de communication par le PNF de ses fadettes, ainsi que de celles de tout son cabinet. Et c’est bien en effet la fragilité de conception de ce parquet qui est aujourd’hui à l’origine de toutes ces difficultés. Concentrer entre les mains d’un seul magistrat sans garantie particulière d’indépendance les affaires les plus sensibles du pays ne pouvait que mener là.
Pour autant, ces difficultés sont limitées à une petite poignée d’affaires ultra-médiatisées. «Il y a une pathologie propre aux affaires politico-financières qui se traduit par des emballements, des fantasmes et des crispations. Les médias ont leur part de responsabilité, notamment en feuilletonnant. Dans les autres dossiers, on travaille dans un climat beaucoup plus calme et on se concentre sur la technique», explique Kiril Bougartchev, associé du cabinet Bougartchev Moyne et Associés.