En tant que nouveau président de la CNCC, comment entendez-vous contribuer à la mise en place de la réforme européenne de l’audit qui inquiète beaucoup de vos confrères mais aussi les entreprises ?
Elle fait désormais partie des textes et il nous faut nous employer à la mettre en œuvre de sorte que son poids réglementaire ne remette pas en cause notre exercice. Cela suppose que l’institution instaure un dialogue avec son régulateur pour aborder sereinement les problématiques nouvelles que sont par exemple le numérique ou encore l’attractivité de la profession. L’alourdissement des contraintes réglementaires pourrait peser précisément sur cette attractivité au moment où l’on a besoin d’attirer des talents et des profils très variés.
Cette réforme a été conçue pour déconcentrer le marché. On observe les premiers signes inverses en France avec des cabinets moyens qui renoncent aux appels d’offres des sociétés cotées… que faire ?
Les appels d’offres inquiètent en effet mais ils ne datent pas de la réforme européenne. Le danger est qu’ils ramènent le choix d’un auditeur à la seule question du prix, en écartant la qualité, l’expertise sectorielle… Cette pratique des appels d’offres nous a conduit d’ailleurs à devenir les interlocuteurs des directions achat des entreprises. Il faut en sortir avec l’aide du régulateur, de notre ministère de tutelle car, évidemment, notre rôle dépasse de loin la simple prestation de services. Nous devons aussi, avec l’IFA et des représentants des entrepreneurs, expliquer aux comités d’audit que le prix ne peut être le seul critère de choix d’un cabinet. C’est d’autant plus important que nous assistons depuis le milieu des années 2000 à une baisse inquiétante des tarifs, qui s’est accélérée avec la crise de 2008. Cette baisse risque de remettre en cause la qualité de nos travaux. D’ailleurs, la présidente du H3C a récemment déclaré que cela...