Si les directions financières préfèrent généralement les produits classiques pour couvrir leur risque de change, la volatilité actuelle des devises les pousse à changer d’approche en cas d’opération de fusion-acquisition. Pour limiter le risque de voir leurs coûts augmenter, elles se tournent en effet de plus en plus vers des produits sophistiqués.
«Plusieurs trésoriers sont venus nous voir, inquiets, en septembre dernier, pour mettre en place en urgence des couvertures de change sur leurs opérations d’acquisition libellées en dollar qui étaient en cours, et qui devaient se finaliser avant la fin de l’année, se souvient Pascale Moreau, coresponsable mondial sur les produits dérivés de taux et de change chez Société Générale Corporate & Investment Banking. Une société européenne qui s’apprêtait à conclure l’achat d’une entreprise américaine nous a même demandé de lui proposer une solution en 24 heures !» La baisse surprise de l’euro face au dollar a en effet surpris bon nombre de directions financières, dans un contexte où le marché des fusions-acquisition tournait depuis plusieurs mois à plein régime, atteignant 1 300 milliards de dollars en ce qui concerne les opérations transfrontalières en 2014, soit son plus haut niveau depuis sept ans, selon Thomson Reuters.
Dans cet environnement, bon nombre de dirigeants ont renforcé leur attention sur les risques de change, alors que, de l’avis des spécialistes, la gestion de cette problématique était jusqu’alors une préoccupation secondaire pour eux dans les processus de fusions-acquisitions. «Bénéficiant d’une écoute plus attentive de la part de leurs directions générale et financière, les trésoriers osent désormais proposer des solutions de couverture plus complexes mais qui correspondent mieux à ce type de transaction», constate Grégoire Mauger, responsable de la vente change pour l’Europe du Sud chez Natixis.