Même si peu de groupes français exposés au franc suisse se sont couverts, les effets du renchérissement de cette devise sur leur compte de résultat et leur bilan devraient rester limités, compte tenu du faible poids de la Suisse dans les échanges commerciaux. Les entreprises s’inquiètent davantage des effets indirects à moyen terme, notamment sur la consommation dans les pays d’Europe de l’Est.
Pour les groupes français ayant des flux ou des actifs libellés dans la devise helvétique, la décision de la Banque nationale suisse (BNS) d’abandonner son plancher limitant l’appréciation de sa monnaie face à l’euro, le 15 janvier dernier, a fait l’effet d’une douche froide. «Aucun de nos clients français comme étrangers n’avait anticipé une telle mesure, témoigne Eric Popelin, responsable de la vente de produits de change grands clients chez HSBC France. Tablant sur un maintien du plancher de 1,20 franc suisse pour 1 euro, la plupart d’entre eux avaient retenu ce niveau dans leur budget 2015 et vraisemblablement décidé de ne pas se couvrir.»
Des émetteurs en francs suisses protégés
Malgré la réaction violente des investisseurs à cette annonce – le franc suisse a bondi de près de 30 % face à l’euro le 16 janvier, du jamais vu sur le marché des changes ! –, cette situation n’a pas provoqué beaucoup d’émoi au sein des directions financières concernées. D’abord, l’évolution récente de la parité euro-franc suisse profite dans l’ensemble aux groupes français, qui exportent davantage vers la Suisse qu’ils n’importent en provenance de ce pays (voir graphique). La dépréciation de la monnaie unique, qui augmente le pouvoir d’achat des Suisses, est en outre de nature à stimuler les exportations françaises. A l’inverse, les sociétés ayant des filiales en Suisse – dans le cadre de la consolidation des comptes en euros, leur valeur est dépréciée – et les importateurs sont pénalisés.
Mais ce constat est à relativiser. «La...