Si les défaillances ont fortement augmenté au premier trimestre, leur nombre reste encore limité. Mais la hausse des taux d’intérêt conjuguée à la fin progressive des dispositifs de soutien de l’Etat font craindre un retour des « zombies », ces entreprises très endettées, devenues trop fragiles pour être restructurées.
Orpea est entrée en procédure de sauvegarde le 24 mars, Casino en mandat ad hoc le 25 avril, Latécoère fait l’objet d’un bras de fer entre ses actionnaires et ses créanciers : rarement autant d’entreprises françaises de premier plan auront été simultanément en crise ouverte. Après les dépôts de bilan médiatiques des six derniers mois (Camaïeu, Kookaï, GAP France, Go Sport…), certains y voient le signe que l’économie française pourrait bien être à l’aube d’un déferlement cataclysmique de faillites. Les dépôts de bilan ont effectivement bondi au premier trimestre (+ 44 % à + 49 % selon les sources). La mise sous perfusion financière, grâce aux aides d’Etat, de nombreuses entreprises pendant la crise laisse en outre penser que bon nombre d’entre elles pourraient à terme venir grossir les rangs des entreprises en difficulté.
Les défaillances au niveau pré-crise
Pour l’instant, néanmoins, la situation reste sous contrôle. En 2021, les mesures du « quoi qu’il en coûte » avaient réduit les dépôts de bilan à 28 000, un plus bas historique. En 2022, ces derniers sont remontés à 44 000 (+48 %) et, pour 2023, Allianz s’attend à une nouvelle progression de 41 % qui porterait les défaillances à 59 000. Bien qu’impressionnantes, ces deux années de hausse ne sont qu’un retour aux moyennes pluriannuelles des faillites, qui s’élevaient à 59 342 (période 2010-2019) ou à 55 323 sur les trente dernières années (selon la Banque de France). « Les défaillances d’entreprises se rapprochent des niveaux de la première moitié des années...