Le regain actuel d’inflation est strictement conjoncturel et n’aura pas de conséquences sur les taux d’intérêt, estiment les banques centrales. Les marchés financiers voudraient bien adhérer à cette thèse, mais ils doutent toujours. Une façon de toujours craindre le pire ?
A Jackson Hole, cette petite ville du Wyoming où la Banque centrale américaine, la Fed, organise chaque été un symposium réunissant ses homologues, il a été beaucoup question du « tapering », ce week-end. Depuis 2013, quand le président de la Fed, Ben Bernanke, a employé ce terme pour annoncer la fin progressive des achats de bons du Trésor, provoquant immédiatement une envolée des taux d’intérêt à long terme et une crise financière pour les pays émergents, la seule évocation de ce terme suffit à effrayer les marchés.
Voilà pourquoi l’actuel responsable de la Fed, Jerome Powell, prend aujourd’hui mille précautions pour préparer la sortie d’une politique monétaire très accommodante. Celle-ci passe par des achats de titres obligataires à hauteur de 120 milliards de dollars par mois, qui ne peuvent durer éternellement. Mais si ce « tapering » à venir fait l’objet de nombreux commentaires de marché, « il n’est en fait que la deuxième préoccupation des gérants, la première reste l’évolution de l’inflation », souligne Christopher Dembik, directeur chez Saxo Bank. « Le principal risque, c’est l’inflation, déclarait Jamie Dimon, PDG de JP Morgan, à la mi-juillet. Ce que les marchés craignent avant tout, c’est qu’un surcroît de hausse des prix, s’il n’est pas temporaire, soit synonyme de relèvement des taux d’intérêt, et donc de renchérissement des financements, avec des effets négatifs sur les résultats des entreprises. De quoi faire baisser les marchés actions, tandis que les obligations verraient, elles, leur prix chuter mécaniquement, sous l’effet de la hausse des taux. »