Jusqu’alors réservé aux groupes affichant un solide profil financier, le marché Euro-PP commence à s’ouvrir aux emprunteurs affichant une moindre qualité de crédit, grâce à la mise en place de sûretés. Cette évolution nécessite toutefois un accord entre les partenaires bancaires de l’émetteur et les investisseurs, ce qui peut impliquer d’intenses négociations.
La démocratisation du marché français des placements privés se poursuit. Après son élargissement aux émetteurs affichant des besoins limités – la société Aegide a par exemple levé, en octobre dernier, 13,8 millions d’euros auprès d’une petite dizaine d’investisseurs –, celui-ci commence en effet à s’ouvrir à une nouvelle catégorie d’entreprises. «Initialement réservé aux emprunteurs les plus solides financièrement, le marché Euro-PP descend vers des sociétés présentant un profil de crédit plus risqué, constate Yann Beckers, associé chez Stephenson Harwood. A la recherche de placements, les investisseurs se montrent de plus en plus disposés à financer des entreprises moins bien notées, en contrepartie de sûretés, comme l’illustre l’émission réalisée en juillet dernier par le spécialiste des travaux publics NGE.» Alors que l’hébergeur de sites Internet OVH s’est financé de la même manière fin 2014, d’autres opérations de ce type seraient actuellement en préparation.
De bon augure pour les PME et ETI, considérées par les prêteurs comme plus risquées que les grands groupes en raison de leur moindre taille, cette évolution soulève toutefois une problématique juridique majeure. «Il est fréquent que, pour ce type d’entreprises, les banques bénéficient de sûretés lorsqu’elles octroient des crédits, rappelle Marc-Etienne Sébire, associé chez CMS Bureau Francis Lefebvre. Or sur le marché des placements privés, les investisseurs exigent d’être pari passu avec les créanciers bancaires, c’est-à-dire qu’ils souhaitent bénéficier des mêmes protections, et donc des mêmes sûretés. L’Euro-PP sécurisé est une innovation qui permet de répondre à cette demande.»