Afin de peser sur la politique actionnariale du groupe Renault, l’Etat français a récemment accru sa participation au capital du constructeur automobile. N’ayant pas vocation à conserver durablement les titres récemment acquis, il a souscrit des options dans le but de sécuriser son investissement. Une première qui s’inspire des pratiques d’investisseurs privés.
L’Etat actionnaire est prêt à tout pour arriver à ses fins… y compris à innover sur les marchés financiers ! Depuis l’adoption en mars 2014 de la loi dite «Florange», destinée à «reconquérir l’économie réelle», il s’est en effet engagé à peser au maximum sur la stratégie des sociétés privées cotées, notamment celles dans lesquelles il détient des participations. A ce titre, il a répété à maintes reprises sa volonté de voir se généraliser une disposition de ce texte : l’octroi de droits de vote doubles pour les actionnaires détenant des titres depuis au moins deux ans.
Conformément à la législation, l’application de cette mesure est automatique, sauf en cas de décision contraire de l’assemblée générale des groupes concernés. Une perspective à laquelle l’Etat a bien failli être confronté chez Renault. Peu avant l’assemblée générale du constructeur automobile, son président-directeur général, Carlos Ghosn, avait en effet fait part, courant avril, de son intention de préserver le droit de vote simple via la soumission d’une résolution allant dans ce sens.
Un risque patrimonial jugé significatif
Afin d’en obtenir le rejet, l’Etat devait disposer d’une minorité de blocage d’au moins un tiers des votes exprimés. Or, il ne détenait que 15,01 % du capital de la société, un seuil jugé trop limité pour s’assurer de l’obtention d’un tel quantum. Dans ce contexte, l’Agence des participations de l’Etat (APE) a donc été sollicitée par le gouvernement pour renforcer son poids au capital de Renault et, ainsi, garantir l’adoption des droits de vote doubles.
u capital de Renault n’était pas jugé stratégique pour l’APE sur la durée. Dès lors, il fallait que cette dernière trouve un moyen d’acheter les titres nécessaires, dans l’optique d’une cession rapide. Mais face à un marché actions devenu plus volatil durant le deuxième trimestre, la probabilité de réaliser une moins-value était loin d’être négligeable. «Quelles que soient les opérations qu’elle effectue, la priorité de l’APE consiste toujours à préserver au mieux le patrimoine mobilier public, rappelle cette source. Dans le cas de l’opération Renault, il fallait donc structurer la transaction de sorte qu’elle offre une porte de sortie à brève échéance pour l’Etat, sans pour autant qu’elle n’entraîne une perte sensible en cas de recul du cours boursier de la société.»