Le capital immatériel constitue une richesse cachée que les analystes souhaitent aujourd’hui mieux évaluer, afin de mesurer la capacité d’innovation des entreprises. Mais celles-ci se montrent encore parfois réticentes à dévoiler certains de ces actifs stratégiques.
L’acquisition de Motorola par Google en 2012 pour 12,5 milliards de dollars – un prix reposant en grande partie sur le portefeuille de brevet du fabricant américain de téléphones portables – a permis de mettre en lumière la valeur des actifs immatériels des entreprises. «Motorola est une formidable entreprise technologique américaine, avec plus de quatre-vingts ans d’innovation à son actif», avait ainsi souligné à l’époque le directeur général de Google, Larry Page. Depuis cette opération emblématique, d’autres rachats récents dans le secteur du luxe, par exemple celui, fin juillet, de l’horloger Ulysse Nardin par Kering, ont confirmé l’importance croissante accordée à certains actifs intangibles, comme la marque. En effet, si le montant de cette transaction est resté secret, le prestige de la marque suisse a autant contribué à sa valeur que ses 20 boutiques et son chiffre d’affaires annuel de 250 millions de francs suisses.
L’évaluation des actifs immatériels est ainsi devenue un enjeu croissant pour les directions financières et les analystes. Lors d’une acquisition ou d’une fusion, la valeur d’un actif immatériel se rapproche en effet du «goodwill» (survaleur), qui mesure l’écart entre le coût d’acquisition d’un actif et sa valeur comptable. Mais cette méthode, encadrée par la norme IFRS 3, ne donne qu’une valeur de marché de l’actif et n’a donc pas vocation à représenter l’ensemble du capital immatériel. «La valorisation des actifs immatériels est correctement appréhendée...