Malgré la violente récession de 2020, les notations financières appliquées aux entreprises sont restées globalement stables, qu’il s’agisse de celles délivrées par la Banque de France, les banques commerciales, les agences de rating et les spécialistes du scoring. Sous l’effet notamment des conséquences économiques de la guerre en Ukraine, ce statu quo ne devrait toutefois pas perdurer.
Après le « quoi qu’il en coûte », place au « quoi qu’il arrive ». En déplacement au Salon de l’agriculture, début mars, le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance a tenu à rassurer les entreprises françaises (et les ménages) quant aux conséquences économiques et financières de la guerre en Ukraine. « Nous serons là, quoi qu’il arrive tout au long de cette crise », a ainsi prévenu Bruno Le Maire. Alors que l’exposition directe de la France à la Russie demeure réduite – la part de cette dernière se limitant à 1,3 % de nos exportations et à moins de 2 % de nos importations en 2021 –, la principale inquiétude tient aux effets collatéraux du conflit, en particulier aux impacts des sanctions internationales prises à l’encontre de Moscou sur les prix des matières premières céréalières et énergétiques. « La flambée des prix du pétrole et du gaz, pour ne mentionner qu’eux, va incontestablement fragiliser la situation financière des entreprises, dont les coûts de production vont s’envoler », redoute un analyste financier. De son côté, Bercy reconnaît la menace, mais préfère à ce stade la tempérer. « Déjà, les sociétés les plus fragilisées seront accompagnées, insiste une source. De plus, il est important de rappeler que les entreprises sont, d’un point de vue macro, entrées dans cette nouvelle crise avec des bilans financiers globalement solides. De fait, l’immense majorité d’entre elles disposent des réserves pour résister à ce choc. »
La crise stimule la demande de ratings auprès des agences
- Safran, Derichebourg, Iliad, Tarkett, Séché Environnement, Labeyrie, Histoire d’Or (Goldstory), Cerba Healthcare (Chrome HoldCo), etc. Evoluant dans des secteurs d’activité différents, ces entreprises ont comme point commun d’avoir sollicité en 2021 une première notation de crédit auprès d’une agence de rating. Dans une étude publiée début février, S&P faisait état de 18 premières notes décernées l’an dernier à des corporates français. Chez ses concurrentes, la tendance est identique. « Le nombre de nouveaux émetteurs notés est en nette augmentation depuis deux ans en France, et plus largement en Europe », confirme Jeanine Arnold, associate managing director chez Moody’s.
- La crise sanitaire y a largement contribué. Lorsque les marchés de capitaux deviennent plus volatils, leur accès commence généralement à se dégrader, voire à se refermer, pour les sociétés qui ne disposent pas de notation. « Même si les soutiens budgétaires des gouvernements et les soutiens monétaires de la Banque centrale européenne ont finalement permis à l’ensemble des émetteurs d’y accéder assez facilement, même au plus fort de la pandémie, certains directeurs financiers ont réalisé durant cette période que le fait d’avoir un rating pouvait constituer un atout », indique Eric Tanguy, coordinateur pour la notation corporate en France chez S&P.
- Toutefois, un autre facteur a également soutenu la demande de notes de crédit. « L’abondance de liquidités détenues par les fonds de private equity s’est récemment traduite par une augmentation du volume de transactions dans l’univers du non-coté, explique Jeanine Arnold. Ces dernières ont donné lieu à la création de nombreuses holdings chargées de lever la dette utilisée pour financer le rachat de la cible, holdings que les fonds acquéreurs ont choisi de faire noter. »
«Les notations que nous délivrons sont restées relativement stables durant la crise sanitaire. »
Un nombre stable d’entreprises fragiles
Il est vrai que, quelques jours...