Pour investir sur le marché des obligations vertes, Franklin Templeton a fait le choix d’une structure ETF mais gère néanmoins son portefeuille de manière active. Ce qui lui permet notamment de sélectionner aussi des obligations conventionnelles d’émetteurs très actifs en matière de lutte contre le changement climatique. Les explications de David Zahn, head of European fixed income chez Franklin Templeton et co-chair du Franklin Templeton Stewardship and Sustainability Council.
Quel est l’univers d’investissement de votre ETF sur les obligations vertes ?

Nous investissons dans des green bonds européens, y compris hors zone euro mais en couvrant systématiquement le risque de change. Nous ciblons à la fois les émetteurs corporate et souverains. Nous nous intéressons non seulement aux projets financés par le green bond mais aussi à la stratégie générale de l’émetteur en matière de transition vers un monde bas carbone. L’originalité de notre approche tient au fait que nous nous autorisons à investir jusqu’à 25 % du portefeuille dans des obligations qui n’ont pas ce label de green bond. En effet, il existe des entreprises qui ont un impact substantiel en matière de transition énergétique mais qui font le choix de ne pas émettre d’obligations vertes, tout simplement parce que c’est une démarche assez lourde. C’est par exemple le cas de certains émetteurs du secteur des transports publics. Nous ne voulons pas nous priver de ce type d’exposition. De ce fait, nous avons un portefeuille plus diversifié que l’indice de référence, ce dernier étant un peu trop concentré sur certains gros émetteurs.
Quelles sont les spécificités de cet ETF en matière de réplication ?
Il s’agit d’un ETF de gestion active. Nous ne répliquons pas passivement un indice. Nous avons fait le choix de cette enveloppe ETF pour cette stratégie car elle présente plusieurs avantages par rapport au traditionnel fonds commun de placement. Elle permet tout d’abord de bénéficier de la liquidité du marché secondaire des ETF, ce qui facilite les souscriptions et les rachats. Cette structure rend aussi plus simple le fait d’investir en obligations : l’investisseur achète des actions – à savoir les parts de l’ETF – et non pas des obligations. En outre, l’ETF a l’avantage d’offrir une très grande transparence. Nous publions toutes les nuits la composition ligne à ligne du portefeuille. Un investisseur peut donc savoir précisément dans quoi il investit avec un seul jour de décalage, contre une vingtaine de jours pour un fonds commun de placement. Dans un marché volatil, comme actuellement, c’est un vrai avantage. Enfin, la structure ETF est très efficace et elle permet d’abaisser les frais de gestion à 30 points de base.
Menez-vous des actions d’engagement sur les enjeux extra-financiers auprès des émetteurs que vous détenez en portefeuille ?
Franklin Templeton Fixed Income pratique l’engagement actionnarial et rend compte des progrès obtenus dans un rapport annuel. Dans le cadre de nos expositions aux green bonds, nous passons en outre beaucoup de temps à échanger avec les émetteurs, corporate comme souverains, sur les spécificités de leurs obligations et les axes d’amélioration possibles. Nous publions par ailleurs un rapport d’impact pour cet ETF. C’est essentiel car les green bonds sont un excellent moyen pour les investisseurs de s’assurer que leur argent a un impact et de le montrer.
L’offre de green bonds va-t-elle se renforcer ?
C’est un marché qui a été très dynamique ces deux dernières années et nous pensons qu’il va continuer de grandir, notamment en Europe avec la mise en place par les régulateurs d’un cadre dédié exigeant. De plus en plus d’entreprises cherchent à émettre des green bonds. Ce ne sont pas des financements simples à monter et le fait d’y parvenir démontre des process de gouvernance robustes : c’est donc un enjeu important pour des entreprises de plus petite taille. Tout cela contribue à diversifier l’univers d’investissement.
Sur le plan financier, que pensez-vous de l’écart de rendement entre un green bond et une obligation conventionnelle d’un même émetteur ?
La prime dont bénéficient les émissions de green bonds est assez faible mais tend à augmenter dans le temps. L’obligation verte a donc tendance à voir son rendement baisser par rapport à celui d’une obligation conventionnelle de même nature. A travers notre gestion active, nous pouvons tirer profit de cette surperformance. Nous achetons les titres de nouveaux émetteurs que nous gardons en portefeuille pendant un ou deux ans, puis nous les revendons avec cette plus-value et nous les remplaçons par de nouvelles émissions. D’une manière générale, nous pensons que le prix des obligations vertes va avoir tendance à monter, avec l’arrivée massive de gros investisseurs : mieux vaut se positionner maintenant que plus tard !