En septembre 2012, Bonduelle innovait en émettant le premier placement privé de type Euro-PP de l’histoire. Depuis cette opération inaugurale, ce marché d’abord réservé aux ETI non notées s’est progressivement ouvert aux PME. Même si les volumes restent très en deçà des attentes initiales, les acteurs de la Place de Paris se réjouissent de l’enracinement de cette source de financement alternative dans le paysage européen.
Une opération presque comme une autre pour Bonduelle, un tournant pour la Place de Paris. Cherchant à refinancer trois acquisitions fraîchement bouclées, le groupe agroalimentaire annonçait, le 6 septembre 2012, la réalisation d’une émission obligataire d’un nouveau genre : un placement privé de 145 millions d’euros souscrit par plusieurs investisseurs institutionnels européens. Sans le savoir, l’entreprise familiale nordiste venait alors de signer l’acte de naissance du marché français des placements privés, rapidement baptisé marché de l’Euro-PP.
Les effets redoutés de Bâle 3
Cela faisait de nombreuses années que l’émergence d’une telle source de financement désintermédiée était espérée par les acteurs de la Place de Paris. « Au fil des décennies, les Etats-Unis étaient parvenus à construire un robuste marché obligataire privé, l’USPP, sur lequel les PME et ETI peuvent se financer en dehors du système bancaire, de même que l’Allemagne avec son marché du Schuldschein (prêts privés de droit allemand), rappelle-t-on à Bercy. Alors que la France possédait déjà la première industrie de la gestion d’actifs d’Europe continentale et des compagnies d’assurances de premier plan, il était regrettable de ne pas disposer de notre propre marché. » Toutefois, les réticences des banques hexagonales à laisser partir certains de leurs clients à la concurrence avaient systématiquement contribué à geler la moindre avancée. Du moins jusqu’à ce que la crise financière de 2008-2009 n’éclate et ne se traduise pour les...